Alep, ville martyre
Alep ! Alep ! Dans tes jardins
Rencontre-t-on encore des fleurs ?
Hélas, des lampes d’Aladin
Sont sorties des sombres douleurs.
Tes orangers gisent brisés ;
Ce mur encore debout est-ce
Un immeuble toujours habité
Ou bien un froid tombeau qui laisse
Suinter la mort par de grands trous
Béants et noirs dans sa façade ?
Et y cherche-t-on à genoux
Un fils ou sa Shéhérazade ?
Mille et une nuits que les bombes
Te détruisent, nul n’est venu
A ton secours et les colombes
Ont fui tes sauvages rues
Où presque tous pensent à tuer
Ou se sauver de cette guerre
Et, à tous instants, effrayés
De mourir d’un tir mortifère
Les civils se cachent et rampent
Entre les camions incendiés
Cherchent un abri et y campent
Intranquilles et enfiévrés.
Et pour quelle cause cela,
Pour quelle espérance sombrée ?
Les uns c’est à l’appel d’Allah
Les autres pour la Liberté,
Les derniers au nom de l’Etat.
Et chacun croit juste sa cause,
La Mort réclame son quota,
Le prend chez tous et sans pose
Sa terrifiante faux moissonne
Les vies sans juger des raisons.
Les femmes pleurent, le glas sonne
La peur hante les maisons.
Parfois les « puissances » mêlées
Au conflit décident d’ouvrir,
Difficilement négociée
Une courte trêve pour offrir
Par presse au monde l’image
D’une dose d’humanité.
Mais très rapidement la rage
Les reprend et sur la cité
Les bombes et les barils tonnent
Et tombent des lourds bombardiers
Terribles et violents qui résonnent
Dans le ciel triste et endeuillé
Comme un orage qui tournerait
Et revenant meurtrir la Terre
De jour et de nuit frapperait
Jusqu’aux missions humanitaires.
Voilà l’homme, voilà la guerre !