Ô nuit des villes !
Ô nuit des villes, nuit colorée
Nuit lumineuse tu caches l’ombre
Dans ta lumière et dépossédée
Du jour tu animes l’espace sombre
De tes propres étoiles qui créent
Un firmament en dessous du ciel
Et la ville toute maquillée
De bleu et de rouge artificiels,
Au-dessus des rails entrecroisés,
Clignote dans l’obscur silence
Où la lune vient de dépasser
Vénus dans leur éternelle errance.
Je marche et je lève les yeux vers
Ces astres émus de leur baiser
Et malgré le froid qui gèle l’air
Je reste longtemps à contempler,
Fugitive mais renouvelée,
Leur union dans l’impalpable éther.
Pourquoi la lune s’est éloignée
Déjà si haut, si loin de sa compagne
D’un instant, Vénus, qui, réfugiée
Dans un arbre se couvre d’un pagne
De feuilles prêtes à s’envoler
Aux vents du Nord venus des campagnes ?