Peut-on s'endormir tranquillement ... ?
Peut-on s’endormir tranquillement quand les guerres
Même au loin fournissent leur cortège de morts,
De veufs, d’orphelins et le visage éploré des mères
Et à ceux qui quittent cet enfer, que le sort
Jette à nos plages, peut-on dire, l’air sévère
Retournez-y ! et les arrêter sans remord,
Après tous les périls vécus, à nos frontières ?
Et à ceux qui entrent et cherchent la liberté
A ceux qui ont vu périr en route leurs frères,
Se noyer leurs parents, leurs amis, leur fiancé
N’avons-nous rien d’autre à offrir qu’un camp sans âme,
La boue, le froid, la faim, la peur d’être expulsés ?
Nous refuserions l’aide que leurs yeux réclament
N’avons-nous pas un devoir de secours envers
Toute détresse humaine, Est-ce en Syrie,
En Irak, Au Liban, en Lybie, Jordanie
Que nous devons agir en y portant la guerre
A notre tour et ici se contenter de fermer
Apeurés, nos cœurs, nos mains et nos frontières ?
N’avons-nous donc que la mort, l’inhospitalité
Les larmes et l’indifférence à leur misère
A offrir aux malheureux que les armes ont jeté
Sur les routes, que l’exploitation économique
Enlève à leur patrie, qui mettent leur espoir
Dans un voyage vers nos havres pacifiques ?
C’est vrai qu’ici pour certains règne l’inespoir.
Mais quoi nous avons de multiples milliardaires
Et aucun d’eux ne peut offrir un toit à ces gens,
Et préfèrent offrir des costumes à ceux qui
N’en ont pas besoin mais ont de l’entregent,
Et jamais satisfait de ce qu’ils ont acquis
Partout sur la Terre creusent haine et misère.
Nous qui nous glorifions d’être des Droits de l’Homme
La patrie, nous n’aurions plus pour frères que nous-mêmes
Avec pour l’autre dans la bouche l’anathème
Et pour avenir d’entrer dans un petit somme ?
Plus de générosité ! Tout pour notre pomme !
Et pour le Saint-Martin qui se dresserait pour
Offrir la moitié d’un manteau même court
A celui qui réclame asile et protection
Nous n’aurions que les menottes et la prison
Et le désir de reprendre la couverture
Que l’exilé met sur ses épaules pour dormir.
Oh ! reviens, reviens vers nous Toussaint l’Ouverture
Pour nous rappeler que la France n’est pas faite
Que de Napoléon et qu’elle a donné naissance
Un temps à la société des « Amis des noirs ».
Elle était grande alors et sans peur de la défaite
Et aurait pu être plus grande en te laissant l’espoir
La vie et la liberté. La France y perdit
Elle qui pouvait aider ton combat et ta gloire.
Sommes-nous atteint d’Alzheimer et vieux pays
Oublieux et réduit à la triste ignorance
Sans autre principe que la sauvagerie
Des armes, l’antique code d’Hammourabi
Pour politique et dans l’âme la vengeance.
N’est-ce pas se déclarer son propre ennemi ?