Promenade au Bois
Le soir était doux, j’étais au Bois
Lentement une lumière grise
Déclinait. Les arbres d’abord cois
S’animaient de trilles que la brise
Portait à mes oreilles, je levai
Les yeux pour voir cette voix si belle
Qui plaisait à mon âme et tombait
D’un arbre au faîte tranché. Une oiselle
Aux couleurs atténuées était l’auteur
De cette musique que d’un coup d’aile
Elle porta plus loin, lors d’autres chœurs
La remplacèrent. Mais moins belle
J’oubliais des corneilles la chanson
Et je portais mes pas vers la rive
Du lac, admirant les fins bourgeons,
L’hiver qui fuit, le printemps qui arrive
Avec , blanches et jaunes, de jolies
Et fragiles fleurs égayant déjà
La ramée des arbustes qui plient,
Sous les grands arbres, la tête bas.
Près des eaux faiblement irisées
Des oies me saluaient en trompétant
Je vis une barque approchée
Par des canards col-vert nonchalants
Lever sa rame avec douceur
Pour ne pas les heurter, ils filèrent
Derrière elle et un foulque ayant peur
D’un canard lui cria sa colère.
Des berges un parfum s’exhalait,
Emanation fauve et capiteuse
Que le ciel captait et distillait
J’avançais les narines heureuses
Et descendis à la grotte puis
M’en allait vers le temple bouddhique.
Dans des odeurs de soupe de céleri.
La ville ivre allumait ses boutiques
Quand je sortis du Bois à la nuit.