Dis les roses que tu aimas !
Poète, dis les roses que tu aimas !
Oh ! ce serait trop long
Tant de souvenirs et de tendresses sont là
Et de doux abandons…
Tant de parfums, tant de désirs qu’on réprima
Blessé par l’aiguillon
De leurs épines d’où l’amour s’échappa.
Jardinier, dis les roses que tu aimas !
Oh ! ce serait trop long
Tant d’espèces dont mon jardin s’empourpra
Et de contemplations…
Tant de fragile beauté que protégea
Des violents aquilons
Mon travail où la sueur de mon cœur perla.
Voyageur, dis les roses que tu aimas !
Oh ! ce serait trop long
J’en ai vues partout où j’ai porté mes pas
Partout à l’unisson
On les aimait et partout on les jeta
En vrai ou en chansons
Aux pieds des femmes qui dansaient les javas
Femme, dis, dis les roses que tu aimas !
Oh ! ce serait trop long
Il y en a tant que mon cœur accepta
Et leur courte saison
A fait pleurer l’âme qui les respira.
Pourtant consolation
De celles que l’Amour, hélas, méprisa.