Une autre époque
C’était une autre époque, le voyage était lent
Et les trains peu pressés faisaient halte souvent,
Ils n’oubliaient pas les bourgs de moindre importance ;
Toujours quelqu’un y montait ou en descendait.
Les familles devaient montrer de la prévoyance
Et toutes les provisions de bouche encombraient
Les bagages entassés au-dessus des têtes
Et sous les sièges dans les compartiments où
Quelques photos en noir et blanc faisaient fête
Aux voyageurs qui admiraient le Lavandou,
Le Mont-Blanc ou encore Quimper par avance.
On avait le temps de s’installer et de lier
Connaissance avec quelques voisins d’errance
Pendant que défilaient champs, arbres et halliers.
Et par temps chaud on baissait à fond les fenêtres
Où les adultes mais aussi certains enfants,
Passaient la tête en se penchant rapidement
Pour mieux sentir le vent et regarder paitre
Et ruminer les vaches en criant des meuh !
Et, riant de cela, chacun était heureux.
Il y avait une sorte de frénésie
A chaque arrêt, les couloirs étaient soudain pleins
De voyageurs, de sacs et de valises brandies
D’autres, aux fenêtres, hélaient souvent en vain
Des marchands ambulants qui sur les quais vendaient
Boissons fraîches, sandwichs , bonbons, friandises.
Enfin le chef de gare sifflait, le train partait,
S’ébranlant doucement puis, prenant peu à peu
Sa pleine vitesse, il filait sous le ciel bleu.
La musique des boggies sur les rails accompagnait
Le chant des cigales, le parfum des lavandes,
A Valence on prendrait bientôt le car pour Mende.