Le rêve

J’ai rêvé d’un bleu qui n’existait pas
C’était le ciel où je dormais tranquille
Dans les draps d’un nuage, mon île,
Voguant, belle, douce et sans trépas.
Sur mon sommeil veillaient deux Immortelles
Vénus et Diane aux beaux yeux amoureux.
Diane, son arc bandé, glaciale et belle,
Prête à viser de sa flèche en feu
Le cœur, faon vif et bondissant,
Courant la campagne, de sa rivale
Vénus qui, toute folle, à son amant
Donnant baisers et pleurs, n’avait qu’un pâle
Intérêt à la jalouse déesse.
Moi, objet de leur désir passionné,
J’étais à la fois heureux et inquiet,
Mais pas seulement de la chasseresse,
Je craignais aussi des divines larmes
Le moment où elles se tariraient
Et, me rejetant, la déesse irait
Se réfugier près de Mars et ses armes
Or mon cœur, chahuté d’aimer les deux,
Ne savait choisir et toujours en balance
S’agitait dans mon sommeil sous les lances
Des apories de l’amour et ses Dieux.