Ephémère printemps
Ephémère printemps de février
Mars est venu effrayer ton soleil
Mais à Perpignan as-tu persisté,
Souverain, réchauffant les murs vermeils,
Les hauts palmiers et les beaux orangers ?
Je ne t’oublierai pas doux février,
Ni ton ciel si lumineux dès l’aurore,
Ni cet hiver déjà assassiné
Qui mourrait lentement, vivant encore
Sur quelques grands arbres effeuillés.
Oh ! Je revois, campagne catalane,
Près des chemins, les cyprès alignés
Piquant le ciel où les zéphyrs planent,
Des mimosas l’or jaune et parfumé,
Et dans un champ quelques chevaux et ânes.
Plus loin je me souviens un printemps rose
Couvrait de fleurs précoces les vergers,
L’hiver léchant toujours les plus moroses
J’allais vers le Sud et les Pyrénées
Baignées des neiges que le ciel dépose.
L’air était doux mais peu d’oiseaux chantaient,
La route soudain devint autostrade,
Sur des chemins empierrés qui grimpaient
Je dus ahaner et finir en nage,
Les creux du chemin me secouaient,
Même un peu perdu, j’étais tout heureux
De rouler sur cette verte colline
Craignant crever ou casser un moyeu
Dans cette pierraille si peu câline
Qui m’éloignait de mes horizons bleus.
Je finis toutefois par les atteindre
Trouvant la route des criques menant
A Collioure, et je vis la mer ceindre
La rade et le port, les vagues mordant
Les rochers et feignant de les peindre
D’embruns et de quelques mouettes hâtives.
Assis en terrasse je pris du repos
Et regardant filer les voiles vives,
Peu à peu, la lumière sur les eaux
Déclinant, l’ombre envahit la rive.
Soleil disparu derrière le fort,
Il ne restait plus que la vespérale
Lueur du ciel pour animer les bords
De la plage et aussi le rauque râle
Des mouettes et l’ombre des corps.