Te voilà printemps
Sève qui monte des profondeurs de la terre,
Habillant les arbres de beaux panaches blancs,
Mille bouches que le soleil, d’un baiser ardant,
Fait frémir, où l’abeille se désaltère
Et que le vent caresse, te voilà printemps.
Remisant notre spleen, on s’en va par tes allées
Tout embaumé du chant harmonieux des oiseaux,
Portant haut nos désirs tendus comme un drapeau,
Le cœur ivre d’une vie nouvelle et ailée
Et rêvant de filles prisent à nos appeaux.
C’est comme cela, la tête dans les étoiles,
Qu’on cueille une rose sans même y penser
Rose qui nous pique mais bonheur respiré
Dans l’étonnement que la lumière dévoile,
L’azur n’est plus au ciel, il nous a pénétré.
Dans la nature qui revit tout est bonbon
Même le doigt blessé par l’aiguille des roses,
Une poudre d’or sur toutes choses dépose
Sourires et fêtes en toute déraison,
Et dans les jeunes nids des œufs nouveaux éclosent.
C’est là ton prodige, beau printemps magicien
Transformant villes, bois, campagnes et montagnes.
Buvons ! Buvons à la source ton doux champagne !
Baigne nous dans l’ivresse de tes petits riens
Toi, qui est bien la seule saison où l’on gagne !