Fraternelle et maternelle rive
Dans le ventre de maman nous étions deux,
Dans cette première chambre fraternelle,
Quelle embrassade, quels coups de pied heureux
Ou furieux nous sommes nous donnés en elle. ?
Frère, aujourd’hui disparu, combien de chambres
Avons-nous partagées, bébés puis enfants,
Enfin adolescents dans ces soirs tout d’ambre
Vêtus après l’école, vifs et riants ?
Une photo se souvient qu’on partagea
Au tout début de la vie mais têtes bêches
Le même berceau enroulés dans les draps
Et le même sommeil qu’emporte la calèche
Des rêves et que brise les cauchemars.
Ainsi unis et bercés des mêmes joies
Et des peines puisées aux mêmes regards,
Nos vies tramées longtemps dans la même soie,
Sommes-nous restés semblables en colères
Et passions, en amis aussi, toi en bleu
Moi en rouge, tu étais l’eau, moi le feu
Dans nos par ailleurs semblables marinières.
Frère qui a quitté la vie avant moi,
Que la maladie a pris alors qu’elle
M’a laissé vivant souvent je pense à toi
Et tu m’approches la nuit dans la nacelle
De songes, parfois accompagné de Guy,
Michel et maman, ombres pâles, furtives
Qu’attachent près de moi des liens non trahis
Et la fraternelle et maternelle rive.