Au Jardin des Plantes
Au Jardin des Plantes que touche la lumière
Magique d’un soleil déclinant et cachant
Ses feux derrière l’ombre des hautes verrières,
J’avance dans les allées ; un vent insouciant
Berce avec souplesse les fleurs dans les parterres.
C’est une symphonie de couleurs et de formes
Qui s’offre aux regards nonchalant des Parisiens,
Et les baisers des amoureux dessous les ormes
S’évaporent ainsi qu’un long et doux parfum
Dans le soir bleu et doré où celui des roses
S’estompe, laissant l’œil seul admirer le teint
Superbe de leurs corolles où l’abeille se pose.
Je traine, je voudrais savoir leur nom latin
De toutes ces fleurs et plantes et me penchant
Dessus je lis leur noms savants sur l’étiquette
Voici le pétunia, le balisier flambant
Dont le nom est «Canna » et le prénom «Scarlett »
Et là le beau rose des zinnia élégants
Au cœur pourpre pareil à une grosse fraise
Couronné de flammes jaunes, belles fleurs
Qui s’élèvent au-dessus d’ autres qui se taisent
Discrètes à leurs pieds, comme de tendres sœurs.
Et puis continuant mon botanique chemin
Je passe sous les branches d’un lilas des Indes
Dont le mauve arrête mes pas et mon dessein
De rentrer chez-moi. Toutes ses beautés me scindent
Et je resterai bien là à les contempler
Jusqu’à la nuit ; mais des gardiens du jardin sifflent
La fermeture que sonnent multipliée
Les trompettes des anges du temps tristes gifles.