Le vainqueur mélancolique
L’automne sec et orgueilleux périt
Etouffé par la brume et, l’âpre bise,
Epée du ciel, de jour comme de nuit,
Sabre l’or et la beauté insoumise
De sa chevelure qui tombe et gît.
C’est l’heure de ce guerrier sombre, l’hiver
Qui vient pleurer sur les saisons abattues.
Vainqueur mélancolique des arbres fiers
Il en écoute les voix qui se sont tues.
Eux, droits et hantés du souvenir d’hier
Opposent leur morgue noire et dévêtue,
Ils savent juger des revers qui viendront
Redonner la gloire à leurs ramures nues.
L’hiver en vain prend les feuilles et les sons
Il n’est qu’un soir, une nuit bienvenue,
Un reposoir qui invite à la patience.
Soyons comme les arbres et méditons
Nos amours dans la richesse du silence
Ils renaîtront quand reviendra leur saison.
Pour être plus beaux se sont-ils fait absence ?
Se peut-il que l’amour ne soit pas phénix
Et que le cœur, ce jardin de nous-même,
Reste en hiver sans retraverser le Styx
Et rejoindre la rive où les roses s’aiment,
Où le printemps gazouille, enfantant sous X
Les myriades de fleurs que les bons vents sèment ?