Balade en plein vent
J’allais dans le vent et le vélo m’emportait.
Ô champs d’oliviers toujours verts et vignes grises
Déjà frissonnait, sous le soleil et la bise,
L’espoir des belles récoltes que je glanais
En silence et en songes que la course aiguise.
Les pins sur les collines, la mer à l’horizon
Ourlaient d’une frise verte et bleue ces doux rêves,
Dans le ciel lumineux volaient des rayons blonds
Et les mouettes bruyantes, flèches vives et brèves,
S’amusaient dans le vent sous cet heureux plafond.
Sur les plages que je suivais elles venaient
Se poser sur des troncs que de rudes tempêtes
Avaient jetés là, tels de vulgaires galets ;
Oh, donc ! Etais-ce comme cela jusqu’à Sète,
La mer amassant sur le sable des forêts ?
Peut-être les oiseaux de mer vous l’apprendront
Car moi je ne le sais pas, ayant des collines
Repris le chemin et bravé les aquilons
Sournois qui voulaient m’expédier dans les ravines,
Appuyant très fort et remontant les talons.
Ah ! quel plaisir ce fut d’atteindre le sommet
Toujours repoussé sur cette route de crêtes.
Dans mes cheveux enfin ce vent maudit geignait
Et c’est moi qui riait des yeux et dans la tête
En plongeant vers la plaine où Narbonne régnait.