Le ciel est bleu

Le ciel est bleu, le vent vient de l’est
Des cheminées s’envole une écume blanche
Tortillant vers le soleil son mince zest
De vie ; on attend tous que le virus flanche.
Je me promène dans des rues presque vides,
Je n’ai plus qu’une heure pour m’aérer
Dans la journée et ne pas stagner livide
Devant les infos du Net ou de la télé.
Je passe près du parc fermé et désert
Derrière ses grilles, pas d’enfant qui joue
Sur ses tobogans et pelouses au vert
Printanier ; nulle fille faisant la roue.
Me voila près de la Seine où des barges
Chôment pleines de sable ocre et de graviers.
Quand pour elles reviendra le temps du large ?
Elles l’ignorent et grincent sans pleurer
Attachées aux quais où on les a laissées.
Plus loin des péniches-restaurant silencieuses
Flânent à quai, tristes, vides, désœuvrées.
Quelques mouettes les survolent, très nargueuses.