Le nouveau Moloch

Syrie. Idlib. La Turquie. La Russie. Les bombes.
Toujours les bombes, les missiles, les assauts,
Les villes prises, reprises, murs en morceaux
Et tous les morts abandonnés sans tombe.
Triste spectacle des civils fuyant l’horreur,
Entassés dans des camps d’infortune, livides,
Gelés, affamés, béance au fond des cœurs,
Barbelés d’un côté, de l’autre la guerre avide.
Que de linceuls dans ces yeux de mères, d’enfants,
Qui osent à peine supplier qu’on les aide,
Otages des intérêts de tous les puissants,
Fantômes de vie hagards survolés des raids.
Plus loin, autre frontière, la Turquie, la Grèce
Et derrière l’Europe frileuse et fermée
A l’Ouest sur la mer Égée, une barque en détresse
Un enfant noyé, quelques réfugiés sauvés.
La Méditerranée nouveau Moloch réclame
Ses victimes, la Turquie est prête à les donner,
L’eau servira aux sacrifices au lieu des flammes.
La diplomatie n’ayant plus d’humanité,
On ouvre les gouffres pour obliger les mains
À s’ouvrir mais les doigts sont noueux et fort raides
On les dépliera difficilement demain,
Malgré les ONG qui les secourir plaident.
Et l’Otan est plus prompte à proposer des armes
Ou de l’argent à la Turquie, le triste impôt
De cette alliance distributrice de larmes
Et désireuse de faire aux Russes la peau.
Est- ce donc cela les nouveaux droits de l’enfance ?
Fuir, mourir noyé, coulé au fond de la mer
Voir sa maison détruite, connaître l’errance,
Perdre ses parents et tenter de rester fier.
ONU rendue impuissante par les vétos
Et le fol maelström des passions divergentes
Entre les nations, la main plus près des couteaux,
Que de la paix et des embrassades aimantes.
Et sur tout ça la catastrophe écologique
Pointe son nez sans que vraiment on s’en soucie
Malgré que les discours en ont fait une scie.
Voilà, voilà donc aujourd’hui, la politique !