Voyage à Monpellier : nouvelle visite au musée Fabre (suite 1)
Après la peinture flamande nous arrivons à la peinture italienne et pour faire la coupure voici une jolie statue dont je ne me souviens plus qui elle représente. Peut-être Vénus mais aucune certitude. Par contre la déesse figurant sur le piédestal est Athéna sans l'ombre d'un doute. Elle fait sans doute partie des copies d'œuvres antiques réalisées à l'époque de Fabre.
Il s'agit d'une copie ancienne de l'œuvre de Botticelli. L'original se trouve à Florence au Musée des Offices.
Il s'agit d'une assez belle copie mais nettement moins lumineuse que l'œuvre de la main du maître florentin. Ci dessous, l'original.
Il n'y a pas non plus la même finesse des détails, des draperies et des coloris. On remarque aussi que la tête de l'un des personnages à gauche du tableau a disparu avec son bras et sa main soutenant la couronne. Il y a d'autres différences que je ne vous signale pas mais que vous pouvez apercevoir vous même. Sandro Botticelli est un peintre florentin, né et mort à Florence (1445 -1510). C'est l'un des peintres préférés des Médicis tout du moins jusqu'au " bucher des vanités" déclenchés par le moine Savonarole, bucher auquel Botticelli qui est devenu sous l'influence de son frère Simone un sectateur du moine apporte ses propres toiles qui disparaissent ainsi dans le feu et la fumée. C'est pourtant l'un des rares peintres du Quattrocento dont il subsiste des œuvres profanes. Au départ il fréquente plutôt les cercles néoplatoniciens et notamment Pic de la Mirandole. Cette philosophie néoplatonicienne inspire son œuvre où s'exprime aussi une certaine et subtile mélancolie. Il meurt infirme et oublié dans sa maison atelier qu'il n'a jamais quitté. C'est le XIXème siècle qui le redécouvrira et lui rendra sa gloire perdue. Botticelli est un surnom il s'appelait en réalité Alessandro di Mariano di Vanni Filipepi. D'après Vasari un historien de l'art de la Renaissance, son surnom viendrait du nom du maître orfèvre chez lequel il avait été placé en apprentissage qui s'appelait Botticello. J'ai lu dans un ouvrage que j'ai chez moi sur les peintres de la renaissance italienne que son surnom lui viendrait de son frère ainé Giovanni, dit "il Botticello", le "tonnelet". Il semble qu'il y ait quelques doutes sur sa date de naissance Wikipédia indique entre le 1er mars 1444 et le 1er mars 1445. Celui que j'ai chez moi indique l'année 1441.
Ces trois œuvres sont réalisées à la détrempe sur bois une technique ancienne très utilisée au Moyen-Âge. C'est une technique qui interdit le repentir à cause de la rapidité de séchage.. On voit l'habileté à laquelle était arrivé Sandro Botticelli.
Pietro da Rimini est né à Rimini en 1280 et mort en 1350. C'était un disciple de Giotto. Cette œuvre est une tempera sur bois. La tempera est une technique de détrempe qui utilise l'œuf comme liant pour les pigments auparavant dilués dans l'eau. On utilise le terme de "détrempe" pour les techniques de détrempe qui utilise d'autres liants naturels ou synthétiques.
La Dormition c'est la mort de Marie, mère de Jésus dans les cultes chrétiens. Pour les catholiques il s'agit seulement de sa mort et pour les orthodoxes cela signifie à la fois sa mort et son élévation au ciel que les catholiques nomment Assomption. On utilise le terme aussi pour les saints qui ne sont pas morts en martyre.
On fait un saut de près de deux siècles avec Pietro da Rimini avec le peintre maniériste Allori. On remarque que c'est plutôt l'Amour qui semble subjugué par Vénus qui d'ailleurs lui a pris son arc et semble retenir sa fougue. C'est un tableau assez complexe, deux colombes s'embrassent parmi des roses dans le coin en bas à droite, symbolisme de l'amour partagé ? Dans le paysage à la manière flamande un lièvre se repose et un homme s'enfuit. Le lièvre est l'animal préféré de Vénus et est un symbole de fécondité et de fertilité, archétype du renouvellement permanent du cycle de la vie. L'homme représente-t-il un vieil amour qui se termine remplacé par un plus jeune ? Quel est le symbolisme de l'orange placée en dessous de Vénus et faut-il s'attarder sur le fruit ou sur la couleur ? La couleur orange est lié à la joie, au mouvement, au plaisir, dans l'antiquité romaine, elle symbolisait le mariage ou l'union indissoluble. Elle rentre en harmonie avec sa complémentaire le bleu donc celui de la draperie où est couchée Vénus. L'orange en tant que fruit a un symbolisme proche de la couleur, c'est le fruit de l'Arbre de Vie et donc de l'immortalité. Fait-il alors ici référence à l'immortalité de la déesse ou bien en raison de sa forme ronde symbolise-t-il l'union des contraires dans un mariage idéal ?
Le mariage mystique est une élévation mystique qui atteint une sorte d'union avec le Christ assimilable à un mariage. Difficile de dire s'il s'agit ici de Sainte Catherine d'Alexandrie ou de Sainte Catherine de Sienne étant qu'aucun de leurs attributs symboliques n'apparaissent dans le tableau : les stigmates, la couronne d'épine, la croix et les fleurs de lys pour Sainte Catherine de Sienne, la palme des martyres, la roue , l'épée et un livre pour Sainte Catherine d'Alexandrie. Ce qui peut faire pencher pour Sainte Catherine d'Alexandrie c'est l'opulente tenue de la sainte qui est tenue pour être de noble extraction alors que Catherine de Sienne de son vrai nom Caterina Benincasa était une sœur dominicaine du 14ème siècle canonisée à peine un siècle après sa mort généralement représentée dans ses habits ecclésiastiques. Sainte Catherine d'Alexandrie semble être considérée aujourd'hui par certains historiens comme une pure légende inventée par les chrétiens sur le modèle d'Hypatie d'Alexandrie, la mathématicienne et philosophe néoplatonicienne grecque née vers la fin du 4ème siècle entre 350 et 370 (Wikipédia sans argument a opté pour 360) et morte en 415, sauvagement assassinée par des sectateurs de l'église chrétienne, peut-être plus pour des raisons politiques que religieuses. Il s'agirait donc d'une inversion mythologique en faisant d'une philosophe païenne, une philosophe et sainte chrétienne morte en martyre pour avoir refusé de renoncer à sa foi et réussi à convertir les philosophes appelés à débattre contre elle.
Pour en revenir au tableau , il faut remarquer la délicatesse des carnations, le subtile modelé coloré des ombres et la précieuse et lumineuse superposition des tons.
Ce tableau n'est pas le plus caractéristique de son œuvre. Son style est encore un peu imprégné d'un clair-obscur caravagesque avec des tons sombres et bruns et une lumière latérale qui est encore à la mode dans la jeunesse du peintre. Ensuite son œuvre prendra une tournure plus classique sous l'influence des peintres bolognais dit de l'Ecole de Cologne. C'est un autodidacte.
D'après la fiche signalétique du musée Fabre, il y a un doute sur son attribution. Soit l'œuvre serait celle de Lodovico Cardi dit il Cigoli (Castelvecchio di Cigoli 1559 - Rome 1613) ou celle de Lorenzo Lippi (Florence 1606 -Florence 1665). En tout cas ce tableau ressemble étrangement à l'Ecce Homo du Cigoli conservé à la Galerie Palatine du palais Pitti à Florence. Alors soit c'est une seconde version exécutée par Il Cigoli, soit c'est une copie exceptionnelle faite par Lorenzo Lippi. Il faudrait une datation plus précise de la toile car après 1613 c'est sûr qu'elle ne pourrait plus être attribuée au Cigoli.
Vaccaro est un des plus grands peintre de Naples. Ses œuvres de jeunesse sont très influence par le Caravage et son clair-obscur. Dans cette œuvre où il a déjà une certaine maturité cette influence se fait encore sentir. D'autres peintre l'influenceront notamment Reni et Van Dick.
Luca Giordano est un peintre Napolitain. Son père, lui même artiste, lui apprend les rudiments du métier. C'est un enfance précoce, à hui an il peint un chérubin sur un dessin de son père. Cet exploit incite le vice-roi de Naples à le mettre en apprentissage chez José de Ribera. Il parfait son métier en voyageant à Rome où il dessine les chefs-d'œuvre de Michel-Ange, Raphaël, les Carrache et du Caravage puis à Parme où il copie les œuvres du Corrège et de Véronèse. Il termine son périple de compagnon à Venise où il reçoit ses premières commandes. Il est au cours de sa carrière invité en Espagne par le roi Charles II pour peindre les fresques de l'Escurial , du Buon Retiro à Madrid et du palais d'Aranjuez à Tolède, Il y reste eu moins une décennie de 1692 à 1702. C'est un artiste prolifique qui a laissé une œuvre considérable. Sainte Agathe semble être un personnage qui l'a beaucoup inspiré.
Pour en terminer avec la œuvres italiennes du musée Fabre et préparer aux œuvres françaises voici une copie de la fameuse fresque du Jugement dernier de Michel Ange par un peintre français Robert le Voyer. C'est une copie fidèle de celle de Venusti qui fut le premier peintre à en faire une copie, elle représente la fresque dans son état original c'est à dire sans les repeints effectués pour habiller les nus jugés indécents.