Je regarde le monde où tant de larmes coulent

Je regarde le monde où tant de larmes coulent
Et vois les fleurs éclore et parader dans les jardins.
Tant de beautés, de douleurs et le temps qui roule
Nos vies, les soucis et les joies par les chemins.
Presque rien dans le fond ses désirs qui nous mènent,
Nuits qui s’éteignent, jours qui tombent épuisés,
Flammes dorées de rêves et chants de sirènes
Où les cœurs se prennent comme dans un filet.
Mais nous l’aimons ce tourbillon où nait l’amour
Et meurt la sagesse, et surgit le doux oubli
Des peines anciennes quand le nouveau accourt
Sous les traits d’une fée qui enjôle et sourit.
Qu’elle s’appelle Maud ou bien Chloé qu’importe !
Elle nous plait, nos lèvres s’ouvrent en baisers.
Qu’est-ce que le monde quand ce vent nous emporte ?
Un paradis pour deux sous le ciel étoilé ?
Le bonheur est-il des autres vies si oublieux ?
Faut-il que dans une prison d’air il s’enferme ?
Souffle isolé dans le désert et insoucieux
Des misères ou désirs de partage en germe ?
L’amour n’a-t-il pas vocation à effuser
Vers tous et rassembler dans l’aura des sourires ?
Sur l’arbre des haines ne veut-il pas grimper,
Liane voulant l’étouffer dans la joie des rires ?
Seule la peur d’être pris pour un pauvre idiot
L’empêche d’accomplir sa destinée sublime.
Il cède à l’ouragan des violences, penaud.
Retraite pour mieux revenir chanter ses hymnes ?