Pour ceux qui ne sont rien ou ceux qui sont de trop
Pour ceux qui ne sont rien ou ceux qui sont de trop
Pour les sans-papiers, le SDF misérable
Que puis-je apporter en dehors de ces mots
Et de quelques pièces ? Ils sont peu abordables
Et souvent n’ont qu’un vœu : qu’on les laisse en repos.
Réfugiés, demandeurs d’asile ou bien chômeurs,
Ils dorment dans la rue, le pont voit leur misère,
Parfois l’un deux adresse un bonsoir aux promeneurs
N’attendant qu’un salut dans une morgue austère,
Être soudain humain, c’est réchauffer leur cœur.
Mais c’est au fond très peu. Pourtant combien le font ?
Certains sont débrouillards et font une demeure
Sur un bout de trottoir, matelas et baluchons
Sont leur seules affaires où le ciel parfois pleure,
Un chien aussi est là pour garder la maison.
Pour d’autres la grille du métro sert de lit
En allant au travail les employés les croisent
Dans leur sommeil hagard, épuisé et meurtri.
Un jour, l’un d’eux disparait tombé dans quelque Oise.
Personne pour l’aimer, se souvenir de lui.
Sauf si un soir une maraude l’a surpris,
Ou bien, grelottant trop dans le froid et la neige
Par appel au 115 il a trouvé abri,
Il aura dormi seul sans qu’un rêve n’allège
Ses peines et sa vie de pauvre au sort soumis
Et aura pour tombeau les eaux de la rivière
Tout à fait oublié et mort à tous les yeux
Victime inconnue roulée dans son boueux suaire.
Peut-être que la mort était pour lui le mieux,
Idée terrifiante d’un âge délétère.