De Ault à Etretat (suite 21)
Reprenons notre déambulation dans l'abbatiale de la Sainte Trinité de Fécamp.
La photo est prise depuis le déambulatoire qui tourne autour du chœur. Ce baldaquin recouvre le 1er autel du chœur, c'est une œuvre du 18ème siècle, construite sous Louis XV et constitue je pense un agrandissement du chœur original d'où la présence de deux autels.
Le tableau la représente lors de son Assomption.
Le jubé est la clôture en pierre ou en bois qui sépare le chœur liturgique de la nef. On peut voir que dans ce vestige le Christ apparait plusieurs fois, tout en haut sous un dais et dans une gloire, juste en dessous il apparait deux fois, à gauche tenant la croix de sa crucifixion, à droite tenant entre ses mains le Saint-Esprit ( à moins que cela soit Dieu le Père avec le Christ assis à sa droite mais il ressemblerait vraiment beaucoup à Jésus, ce qui ne correspond pas trop à l'iconographie chrétienne ou Dieu est représenté nettement plus âgé (cf. plus bas le vitrail représentant la Sainte Trinité) mais ce serait logique puisque nous sommes dans l'abbatiale de la Sainte Trinité). Tout en bas je pense que c'est aussi lui qui est représenté agenouillé et en train de prier au centre de la frise.
Selon la légende, quelques goûtes du sang du christ prélevées lors de sa crucifixion serait miraculeusement arrivées à Fécamp à l'intérieur d'un figuier où les ampoule contenant le sang du Christ recueilli par Nicodème au moment de la mise au tombeau et confié à son neveu Isaac qui le cacha dans un figuier, abattit le figuier et le jeta la mer. celui un beau jour échoua après un long périple depuis la Palestine sur le rivage de Fécamp, Le figuier fut enfermé avec les ampoules dans une des colonnes de l'abbaye. Après son incendie par les Vikings, les ampoules en plomb contenant le sang du Christ furent retrouvées dans les décombres. Les moines en firent grande publicité et cela attira les pèlerins vers leur abbaye. Il parait que cette légende est inspirée de celle du Saint-Voult de Lucques. Pas cons les moines ! Et grands spécialistes en recyclage de jolis mensonges édifiants. Des artistes en fait.
Le vitrail central représente en bas "La Scène" et plus haut "La Crucifixion".
Le terme de dormition désigne un état de sommeil transitoire ni, la vie, ni la mort. Il est essentiellement employé chez les Catholiques pour la Vierge Marie et aussi pour certains saints morts sans violence. Il est aussi employé dans la légende arthurienne où la mort du roi Arthur est considérée comme une dormition en attendant son retour pour unifier les Bretons insulaires et continentaux.
Au dessus de la Dormition, ce médaillon représente d'un même mouvement l'Assomption de Marie et son Couronnement. Ces évènement sont intimement liés puisque la dormition est le présage de son assomption et de son couronnement dans le culte chrétien.
En 938, lors de la consécration de l'abbatiale, le Duc Guillaumes-Longue-Epée étant présent avec l'archevêque de Rouen et les habitants de Fécamp alors que tous s'interrogeaient sur la dénomination à donné à l'église, un vieillard a fendu la foule et se dirigeant droit vers l'autel y a déposé un couteau sur lequel était inscrit "Au nom de la sainte et indivisible trinité" puis il s'envola au ciel après avoir laissé la trace de son pied sur le rocher. Le nom de l'abbatiale était trouvé. Cette légende peut paraître anecdotique mais elle ne l'est pas tant que ça car en 938, le souvenir de la longue bataille contre l'arianisme devait être encore présent dans l'esprit des clercs chrétiens de l'époque. L'arianisme était une doctrine chrétienne qui professait la supériorité du Père sur le Fils et le caractère non éternel de ce dernier puisqu'engendré, ce qui était contraire à la doctrine de ceux qu'on appela après le concile de Nicée organisé par Constantin, les Nicéens ou les Trinitéens qui eux professaient le caractère éternel du Christ, sa consubstantialité avec le Père et sa préexistence à son incarnation. Cette légende vise donc à asseoir le dogme de la Trinité et à lui donner une onction divine et non pas seulement le résultat d'une dispute entre des hommes si saints soient-ils. C'est en quelque sorte le sceau de l'approbation divine.
Une extraordinaire horloge astronomique à marées œuvre d'Antoine Bessac. Le cercle extérieur doré représente les minutes le cercle blanc qui le suit vers l'intérieur, les 12 heures de chaque demi journée, le cercle noir représente les 29 jours de la lunaison qui sont marqué en chiffres arabes alors que les heures sont marquées en chiffres romains. Sur le cercle blanc intérieur sont indiquées les 24 h de la journée. La haute mer est représentée par un quart qui est vert avec des vagues blanches, les marées basses par les quarts noirs. L'aiguille qui pointe l'heure de la haute mer est jaune (sur la photo elle pointe le I du cercle de 24 heures). L'aiguille des phases de la lune, jaune aussi mais plus petite, pointe entre les chiffres 18 et 19 du cercle de la lunaison.
Vérification partielle : la photo a été prise d'après l'appareil photo le 07 août à 10h16, l'horloge indique 11h18 comme je n'avais pas mis l'appareil photo à l'heure d'été, il n'y a que 2 minutes d'écart entre les 2 horloges. Pour la phase de la lune c'est exact, la pleine lune venait d'avoir lieu le 3 août, soit 4 jours avant. Pour les marées cela semble nettement moins précis, d'après marée info-marée Fécamp, le 07 août 2020 la pleine mer était à 14h47. Maintenant peut être que le mécanisme concernant les marées est basée sur l'heure solaire et non pas sur l'heure légale et alors cela serait assez précis.
On voit Dieu le père tenir son Fils sur sa croix avec entre les deux le Saint-Esprit. Il sont entourés d'une multitude d'anges et d'angelots et sur les côtes d'autres personnages qui semblent des rois, des évêques et des saints.
Le jeu d'orgues est daté de 1746.