Un géant
Quand j’ouvre les yeux et la fenêtre,
Oh ! pas dès l’aube mais dans un matin
À l’azur bien éveillé et tout serein
Que des nuages doucement viennent paître,
Je vois dans le cloître ouvert d’un jardin
Un bel arbre défier de tout son être
Les vents d’automne, grand et fier mutin.
Sa frondaison frissonne d’or mussif
Et de cuivre sous la bise impuissante,
Géant parmi ses frères plus chétifs
Dont l’étole trouée et décadente
S’accroche aux branches tristes pendentifs.
Lui, dresse bien haut sa gloire vaillante.
Et reste aux tourmentes des vents rétifs
Un aquilon plus méchant, que le ciel
Dans le Grand Nord sournoisement médite,
Viendra abattre cet or résiduel.
En attendant ce démon qui hésite
Encore à venir flétrir de son fiel
Ce présomptueux mais racé cénobite
J’aime le voir danser sous le soleil.