Courir l'aventure
Sur une frêle planche courir l'aventure,
D'une pagaie agile oser abandonner
Le rivage pour la mer et les murmures
De ses flots verts enivrés d’un doux ciel bleuté,
Quitter pour un temps les magnifiques bijoux
Qu'ont patiemment forgés les eaux et les tempêtes,
Travaux à rendre fous les orfèvres jaloux,
Qui brillent et s’élèvent dans un ciel en fête.
Nous voilà partis seuls à la proue du navire
Les yeux sur l'horizon et rêvant des lointains,
Humant tranquillement la vague et l'air marin,
Tandis qu’un grand goéland passe, ailé sourire
Qui file en frôlant les falaises toutes blanches
Jusqu’à ce lointain Hourdel, pointe et trait de craie
Sous un ciel vaporeux au-dessus de la Manche.
« Suivons-le, veux-tu, vers la Somme et la Baie ? »
« Ami, j’ai peur sur ce frêle esquif de ne pas voir
« Le bout de l’aventure et de ce beau voyage.
« Que ferons-nous si éclate l’orage noir
« Et nous emporte le vent trop loin du rivage ? »
« Amie, si tu as peur, restons donc sur la plage
« Regardons la houle frémissante gémir
« En caressant le sable et frôlant le rivage.
« Et quand nous aurons chaud, allons-nous rafraichir
« Dans la vague verte qui roule les galets.
«Être gais et nager n’est-ce pas la vraie vie ?
« Et puis après bronzer et donner des baisers
« À ton sourire, l’aventure est bien jolie. »