Un dimanche au Bois de Vincennes
Dans la lumière dorée et glacée
De l'hiver sur le lac gelé les saules
Aux troncs noueux ont cessé de pleurer.
Toi aussi mon cœur bien que sans épaules
Où poser tes lèvres et tes baisers
Essuie tes larmes grises à l'étole
Bleue par le ciel ce jour déployée.
Vois, le lac s'est figé et la Nature
Y sourit tendre, calme et reposée ;
Toi aussi malgré tes folles brûlures
Ose sourire à la belle journée
Et conduis-moi en ces chemins d'azur
Qui vont à travers le bois écouter
les oiseaux, joie au délice si pur,
Et, dans l'ambre d'un soir ressuscité,
Jetant enfin ta peine au fond de l'eau,
Laisse le soleil d'opale glisser,
En caressant cet humide tombeau,
Sur tes cicatrices de grand blessé,
Et promène-toi en calme badaud
Goûtant la paix des lieux et leur beauté.