Qui fera l'archéologie de nos cœurs ?
Le temps s’en va et ne revient pas sur ses pas
Et courir derrière lui c’est perdre son temps
Et l’amour qu’on poursuit comme un pauvre mendiant
Met les larmes aux cœurs jusqu’à ce qu’on les séchât.
Pourtant le temps comme l’amour laissent des traces
Qui donc fera l’archéologie de nos cœurs,
Ceux transis de bonheur, ceux touchés des malheurs,
Comme aujourd’hui on creuse le passé des Thraces ?
Pour dire leur histoire, leur mythologie
Faudra-t-il remuer nos tombes et, leurs poussières
Témoigneront elles des blessures amères
Des transports de joie, des furieuses folies ?
Y trouvera-t-on quelque élément des douceurs
Reçues ou rêvées, des dépits et des ruptures ?
Quelque savant fera-t-il la nomenclature
Chimique de nos baisers, de nos larmes, nos peurs ?
Les désirs, les craintes, les espoirs, les plaisirs
Les crimes passionnels, l’extase des délices
Dans la cendre laissent ils suffisamment d’indices
Pour après la mort leur histoire rétablir ?
Ou bien cela sera-t-il déduit des poèmes
Que la patience du temps n’aura su détruire,
De boucles de cheveux conservant un sourire,
De lettres enrubannées et pleines de je t’aime ?