Mélancolie
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Les arbres sont tout blancs comme couverts de neige,
Il y a de la glace où le marché se tenait,
On entend les oiseaux répéter leurs arpèges,
C’est le printemps qui vient, oh ! comme j’aimerais
Qu’il remplisse de joie mon cœur pour qu’il s’allège.
Tant de peines et de deuils depuis sa naissance.
Le premier, il était si jeune que l’oubli
L’avait presque effacé, il n’était plus conscience
Mais vieille cicatrice perdue dans ses replis
Et n’éveillant en lui aucune réminiscence.
Pauvre papa si son âme survit, elle doit,
De cette absence de souvenir, être triste,
Lui qui n’est même pas un fantôme pour moi.
L’ingénieur avait-il triomphé de l’artiste
Pour qu’en chacun de nous cette part de son soi
Qu’il avait mis de côté renaisse et fleurisse ?
Pourquoi donc au printemps me souvenir des morts ?
N’est-ce pas grâce à eux que nos vies s’accomplissent
Et de tout l’univers n’est ce pas là le sort ?
Pourtant connaissons nous ces morts qui se hérissent ?
Notre âme est pleine d’inconnus qui ont été
Nos parents, nos frères, nos tantes, nos marraines,
Des amis, des nièces, tombés dans le passé,
Ayant gardé une part restée souterraine
D’où monte un spleen mélancolique exaspéré.
Je me sens pareil à ce chêne du jardin
Qui porte encore autour de lui ses feuilles mortes
Alors qu’aux autres, les verts et roses câlins
Des bourgeons baisent l’air de leur tendre cohorte.
Eux regoûtent à la vie malgré le crachin.