Dans les jardins
Dans les jardins l’hiver n’a pas encore
Rendu les armes et la bise souffle
Sur le soleil pour éteindre son feu
Quand les ondées cherchent à le noyer
Et les nuages à le couvrir de crêpe.
Les jeunes tulipes baissent la tête
Et n’ouvrent pas leurs cœurs tant bigarrés
Et mille fleurs blanches, jaunes, violettes,
Sous ces vents froids tentent de résister,
Elles qui deux jours avant donnaient fête.
Les vents qui avaient choisi le soleil
Sont retournés brûler leurs déserts.
Moi, j’attends bien au chaud que la bataille
Du jour penchant de son côté desserre
Cet étau et montre l’azur du ciel.
Sous le cache-nez du masque, je sors
Alors le nez dehors et bien couvert
Je vais au jardin humer ces frileuses
Et encore très fragiles beauté.
Marchant à leur côté j’ai l’âme heureuse.
J’ai envie de courir, de sauter et d’aimer.
Pourquoi n’es tu pas là ma belle amie,
Toi qui dans un élan non réprimé
M’avais dit : « Je t’aime mon beau chéri »,
Quand je les caresse d’un doigt léger.