Encore un peu de sommeil et de rêve
Je me lève tard avec dans les yeux,
Encore un peu de sommeil et de rêves,
J’ouvre les volets et un ciel joyeux
M’accueille dans cette ville sans trêve,
Tout pavoisé de lumière et de bleu.
Il semble me dire : “Eh ! quoi tu dormais
Alors que moi, depuis l’aube je brode
La robe du printemps ». Hélas, c’était vrai,
Mauvais poète je n’avais point d’ode
Et l’ivresse des mots se dérobait.
Je refermais mon cœur et les fenêtres.
Mais le soir et la Lune sont venus
A mon secours, j’ai vu soudain paraître
Les mots tels des étoiles au ciel nu,
C’était des enfants demandant à naître.
Je ne pouvais pas les laisser périr
Et sous l’aiguillon pointu de la muse
J’ai accouché dans la nuit leur désir.
Oh ! pourvu que celle-ci ne les use
Et qu’au matin ils puissent resurgir,
Phénix amoureux en mon cœur pâmé.
Comment nourrir leur beauté, leur tendresse ?
J’ai trop souffert je ne veux plus pleurer
Si l’amour s’en va de nouveau, tristesse
Que deviendra mon cœur abandonné ?