Quand l'été se lève
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Chaque aube en s’éveillant dissipe les brouillards
Que la nuit a laissés sur mon cœur et mes rêves
Le printemps gris, frileux, s’en va , l’été se lève
Et fleurit les jardins, les arbres pleins de sève
Et de chansons habillent les gais boulevards
Aux terrasses repeuplées, où la mousse crève
Au bord des verres et des rencontres de hasard.
Le soleil joue avec le vent et les nuages,
Cache-cache jetant ses ombres sur le sol
Tandis qu’au ciel il se fomente des orages.
Mémoire ensemençant la ville et ses atolls
Mes pas y poursuivent leur curieux jardinage
Où se fauchent mes seuls souvenirs, gais ou fols,
Ivres et hantés par l’amour et ses mirages.
Au Luxembourg une mélancolie me guette
Devant cette fontaine au bassin épuisé
Que des travaux encerclent, où le vide se jette.
Quand je passe à côté, j’évite de pleurer
Sur les amours enfuis et les rêves de fête,
Songes que dessinaient mes pas dans les allées,
Suivant un tailleur rouge aux yeux couleurs noisettes.
Ce dos qui me plaisait, que mon regard frôlait
Et qui piquait mes doigts d’amoureuses caresses,
Ce sourire enjôleur qui mon cœur saisissait
Et le faisait valser plein d’élans de tendresse,
Nos regards échangés, nos pas qui se mêlaient
Ne sont pas oubliés et, traces d’allégresse,
Il reste son parfum que mon âme humait.
Ailleurs, une vitrine en fleurs m’offre le parfum
D’un amour de jeunesse et j’y respire encore,
Bien qu’elle ait bien changé depuis ces tendres matins
Où je venais la voir, cette fraîcheur d’aurore
Que distillait les lys et les glaïeuls carmins
Autour de la muse qui régnait sur cette flore
Et mon cœur affolé de ses regards câlins.
J’ai aussi au coin de quelques rues de Paris
Une fenêtre qui me fut un jour bien chère
Et au bas de laquelle j’ai longtemps languis.
Ô dans mon cœur tant d’anges descendus sur terre
Et sur leurs lèvres aimées quelques baisers pris,
Belles roses fanées au pied des cimetières,
Hantent toujours mes balades et me sourient.