Un poème de rien
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L’été nous a saisi quasiment par surprise,
C’est l’heure de midi, on préfère être au frais
Dans la maison blondie des rayons que brisent
Un peu les vitres où des arbres s’essaient
Sur le bois du parquet au dessin de leurs frises
Près de la fenêtre il ferait trop chaud aussi
S’en tient-on éloigné dans l’ombre d’une pièce
Que le soleil n’atteindra qu’en fin d’après-midi.
On peut y vaquer, rêver, polir dans la liesse
Un poème de rien caressant l’infini.
Car c’est dans le petit, le quotidien qu’il danse,
Dans les gestes banals toujours recommencés
Qu’il vibre et chante avec lassitude ou patience.
Un bouton à recoudre, un met à préparer,
Une lessive à mettre en route, la lance
D’une douleur qui vous prend soudain le genou
Et vous rappelle un coup reçu un jour au stade
Alors que vous courriez après un ballon fou
Et puis les souvenirs affluent donnant aubade
Et vous arrêtent un moment qui parait doux.
Après les souvenirs c’est le songe qui vient
Et vous entraine ailleurs, vous voilà Shérazade
Contant mille contes au Sultan iranien,
Ou bien emporté par la folle mascarade
Vénitienne vous devenez soudain Titien
Se promenant sur le Grand-Canal et pensant
Au tableau qu’il veut peindre avec art d’une dame,
A ce fond sombre sur lequel le doux brillant
Des vêtements, l’or des cheveux et l’œil de flamme
Pourraient saisir d’amour le quidam le voyant.
Mais voilà il ne faut pas brûler le rôti
Alors abandonnant le moulin de nos songes
Nous retournons au four, il n’y a pas d’ennui
Dans ces jours lumineux qui lentement s’allongent.
Infiniment l’été rétrécira la nuit.