Une île sous le ciel bleu
Il y a une île en dessous du ciel bleu,
Une île où les vagues et des gens arrivent
Par vagues ; ils sont partis loin de chez eux,
Ont pris la mer douloureuse et qui dérive
Les frêles barques où s’entassent ces malheureux.
Cette île italienne ô si proche de l’Afrique
Qu’elle est une tentation pour ceux qui rêvent
D’une autre vie avec un sac pour unique
Viatique et l’espoir qui leur brûle et soulève
Le cœur au-delà de l’horizon punique.
Lampedusa, perdue dans des flots si bleus
Quand le soleil brille et si noirs lorsque gronde
L’orage. Combien ont-ils imploré Dieu
Et combien maudit la mer, ceux que les ondes
Ont portés jusque-là ? Destin capricieux !
D’autres sont morts happés par les tempêtes,
Donnant à leur regard un air supplicié.
Les voilà en cette Europe si peu prête
À les accueillir en toute dignité.
Un centre les attend où leur route s’arrête.
Ils y apprendront que les Guépards n’ont pas
L’amitié facile envers les réfugiés,
Les peuples qui migrent par-delà les deltas,
Et que leur air triste au visage émacié
Ne sera pas considéré comme un visa.
Il n’y a pas qu’eux qui arrivent en ce lieu
Car à défaut des hommes, enfants et femmes
On repêche les sacs que les flots furieux
Ont jetés au rivage, tristes oriflammes
Et briques d’un mur sinistre et peu glorieux.