Petite balade à vélo en Normandie (suite)
Le lendemain, le ciel était plutôt gris avec un vent plutôt de Nord-Est mais pas de pluie donc j'ai pris mon vélo et je suis allé me balader sans trop prendre de photos
La moisson étant faite le tracteur se repose en plein champ. Je suis des routes que je connais. Je me laisse aller au plaisir d'une nostalgie vivifiante, recherche et afflux des souvenirs et surprise parfois de ne pas reconnaître telle ou telle maison, de les voir transformées ou habitées alors que la dernière fois elles ne l'étaient plus. De trouver les distances plus courtes ou plus longues que dans mes souvenirs.
Comme cette chaumière. Sans doute la maison était déjà là mais refaite et avec un toit en chaume, ce n'est plus la même.
Et je joue un peu au botaniste en cueillant mon herbier en photos. Là, c'est moi qui est changé ; avant je serais passé sans m'arrêter goûtant seulement le vent dans mes cheveux.
Au bord de l'étang les salicaires
Balancent leurs plumets mauves
Au vent qui rident les eaux vertes
Et vous beaux cirses des champs
Voila vos fins akènes blonds
Prêts d'être les fils du vent
Fleur de carotte sauvage
Tu hantes le bord des routes
De ton blanc et pur plumage
Patiences à feuilles obtuses
Me direz-vous ce qui cloche
Pour vous appeler Grande Doche ?
Avez-vous par hasard des ruses
Qu'on trouve fort viles et moches ?
Certes, je suis plante toxique
Pour vous et tous vos animaux
Un peu comme la bleue colchique.
Aussi, si vous ne voulez maux
Garez vos bêtes domestiques !
J'ai l'air d'un essaim de soleils
Ne vous fiez pas à ma lumière
Ni à mon cœur couleur du miel
Car vraiment je suis délétère
Et ma beauté tombée du ciel
Est triste fleur de cimetière
Car tout mon corps est plein de fiel.
Sachez que je suis plus méchante
Aux animaux, morte et fauchée
Qu'emplit de parfums et vivante
Car la mort s'y trouve exhalée
En une saveur alarmante
Aussi les animaux qui la sentent
La fuit avec célérité.
A mes poisons pas d'antidote,
Jetez la paille où je me mets !
C'est connu depuis Aristote
Il ne faut jamais me croquer.
Plus on me mange, plus tout flotte
Dans le cerveau halluciné.
Oui me manger est chose sotte.
Pourtant quelques beaux papillons
Viennent se poser sur ce cœur
Méchant à tous les moucherons.
Ainsi va la vie : je suis sœur
Pour leurs belles ailes vermillon
Et c'est hélas pour mon malheur
Car leurs chenilles me mangeront.