Le canal du Berry
Le canal du Berry, sombre miroir,
Sous le ciel cendré allonge son cours
Presque oublié, paresseux et si noir
Sous la voûte des arbres que l’Amour
Semble s’être éloigné de désespoir.
Quelle douce et belle nymphe a péri
Et trouvé ici son triste tombeau ?
Est-ce sa belle coiffe qui pourrit
Lentement et s’agite au fond des eaux ?
Pourtant ça et là le printemps sourit
Et les fleurs se souviennent de sa vie
Oh ! que ses yeux beaux comme l’azur,
Brillaient de joie avant qu’on ne l’oublie.
Et le ciel de verser le diamant pur
De ses larmes, suaire de mélancolie.
Et puis le canal quitte les sous-bois
Et le soleil en ranime les rives,
L’Ondine revit et nous met la joie
Au cœur et ses long cheveux se ravivent,
Algues émeraudes qui se déploient
Et viennent caresser les nénuphars ;
On entend des grenouilles la musique,
Et l’Ondine amoureuse pique un fard,
Le soleil dans le soir aromatique
Vient de se coucher sous son doux regard.