Un amour oublié
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C’est un amour qui dormait oublié
Dans une boite pleine de poussières.
Pourquoi l’ai-je sorti ce prisonnier
De sa prison ? Passion furtive et chère,
Innocente et contrariée qui a depuis
Nourri les autres, offrant, telle Mégère,
Le vieux poison faussement endormi
De ses rêves tout pareil aux éphémères
Qui volent le jour et meurent le soir.
Il avait cet amour l’odeur nerveuse
Et acide des vins que l’attisoir
Du soleil a muri puis, frileuse,
S’est émoussée et qui renait un jour,
Privée de son ardeur par l’émonctoire
Des années, avec de nouveaux atours,
La belle robe floue de la mémoire.
Je crois aujourd’hui qu’elle m’a peut-être
Un peu aimé mais moi j’en étais fou.
C’est dans ses yeux que j’ai vu mon cœur naitre,
Adorateur muet de ses atouts.
Pourtant mes copains la trouvaient gamine
Et préféraient très nettement sa sœur ;
Mais moi j’aimais trop sa voix argentine
Sa gaieté, son nom de sainte et de fleur.
Avais-je mâché le cerfeuil des fous
Pour avoir la langue paralysée
À ne pouvoir prononcer les mots doux
Que contenait mon âme chavirée ?
Oui, je l’avoue, elle me faisait courir
Comme un gamin dans les rues et les squares
Jusqu’au jour où j’entendis son soupir
Dans le noir d’une cave. Quel désespoir !
Elle m’y avait conduit mais dans cette ombre
J’eus peur de la saisir et l’embrasser ;
Pour mon amour l’endroit était trop sombre
Quand du jour le sien était effrayé.
Baiser virtuel dans la nuit de mon cœur
Il a sombré creusant un trou immense
Pour enfouir mes brûlures, ma douleur
Et pour longtemps rester dans le silence.