Rêve furieux
J’ai souvent fait ce rêve étonnant et furieux
Je suis sur mon vélo, la campagne est tranquille,
Le ciel est serein, les oiseaux amoureux
L’air est fort doux sous une brise subtile ;
Ma balade suit gentiment les contours peu sinueux
De la route ; l’horizon loin, la plaine vide
Laissent mes pensées planer et je me sens heureux,
Le terrain est connu, facile et placide.
Mais soudain un brouillard envahi le chemin,
Epais et livide, il subtilise le monde
Et je dévale à travers des bois de sapins
Une pente abrupte où des torrents violents grondent
Je passe par-dessus en des bonds prodigieux,
Le cœur affolé et mes yeux qui partout sondent
Le roc fantomatique et le gouffre brumeux
Les évitants par l’instinct de survie qui m’inonde¨.
Haut délire, enfin un soleil miraculeux
Me remontre le paysage et je vois, effrayé
Par où je suis passé. J’ai des yeux qui s’affolent
Aux obstacles naturels devant moi posés,
Car ma course, un instant suspendue, las, s’envole
Remonte et redescend des sommets escarpés
Mais fatigué je la trouve encore plus folle.
Et que cela prenne fin est tout mon désir,
Pourtant rien ne l’arrête et quand elle se calme
C’est pour voir un ruisseau tout à coup s’élargir
En un lac tumultueux dont s’effraie fort mon âme.
Alors dans une dernière pirouette je tombe
Dans l’herbe ou dans l’eau , chute terrible à frémir,
Dont je me réveille ayant un peu mal aux lombes,
L’esprit un peu sonné mais content de m’en sortir.