Le ciel est nu
Le ciel est nu, drap qui s’azure.
Aucun nuage pour ternir
Cet automne plein de désirs.
Ah ! si pourtant, cette argenture
Sortant des hautes cheminées
Que le vent gomme lestement,
Que l’azur boit rapidement ;
Juste une petite trainée
Pour animer la toile bleue
Du dernier matin de septembre.
Et le soleil décore d’ambre
Les murs de ma « rouge banlieue ».
Les arbres y sont verts encore
De ce vert un peu épuisé
Par les chaleurs de cet été
Et le froid nouveau des aurores.
Et puis voilà déjà le soir,
Un voile gris très misérable
Recouvre un ciel qui nous accable
Maintenant de son désespoir.
Sûr, cette nuit il va pleuvoir,
C’est qu’il en a beaucoup des larmes
L’automne né au bruit des armes.
L’eau tombera des aspergeoirs
Sur les cercueils des plaines noires,
Sur nous autres et nos chagrins,
Il régnera comme un parfum
Sombre et vénéneux de l’Histoire.