Mare nostrum

Publié le par Pi_ro_94

La Méditerranée est-elle encor « mare nostrum »

Quand si souvent on y laisse périr les hommes,

Les femmes et les enfants que jettent sur les flots

Les guerres, la misère, la sécheresse et ses maux ?

 

Au-dessus la lune erre éclairant ce tombeau.

Au matin, un soleil plein d’oubli tel un moineau

Ouvre son œil d’or sur ce cimetière marin.

Aucune croix n’y rappelle les sombres destins

 

Que les vagues ont engloutis sans aucun remord.

Mais est-ce à nous d’oublier aussi tous ces morts,

Humains comme nous et pourtant rejetés par crainte

De notre ruine, l’oreille insensible à leurs plaintes ?

 

Boirons nous longtemps l’absinthe sinistre et perverse

Que la déesse Léthé sur nos yeux fermés verse

Comme un poison, un feu tragique sur leurs douleurs

Leurs espoirs de naufragés, leur désir de bonheur ? 

 

Avons-nous encore un cœur, une âme charitable ?

Oui certains se dressent avec cette âme sur l’instable

Et mouvante moire pour éviter le sépulcre liquide

À ceux qui risquent leur vie dans ce raid intrépide.

 

Mais quand on rêve, la terre ne semble pas si loin,

On croit la voir et la toucher déjà de ses mains

Le cœur anticipe un bonheur au lieu d’un naufrage

On part confiant sans soucis des vents et des orages.

 

C’est plus tard sous un ciel olympien, calme et serein,

Avec devant soi l’eau, ses moirures et ce rien

De l’horizon vide que les inquiétudes naissent.

Dans le ciel le soleil est un clou brûlant qui blesse.

 

La mer aussi brûle, la gourde est vite finie,

Et la faim et la soif arrive avant l’Italie

Où le bateau se heurte au refus d’accoster

Il faut encor chercher un port où débarquer.

 

Quand donc finira l’errance si l’Europe ferme

Ses frontières, érigeant des murs ferments et germes

De la haine et des guerres qui gagnent les esprits.

De libre elle se retrouve assiégée et meurtrie.

 

Mais comment clore  hermétiquement  tout cet espace 

Quand l’Empire romain a échoué ? Par quelle grâce

Y arriverions-nous quand nous n’en tenons plus

Toutes les rives. N’est-ce pas des efforts perdus ?

 

Mais alors que faire ? Accepter d’être un havre d’accueil

Pour tout humain souffrant demandant asile à notre seuil ?

Choisir ceux qu’on secourt, laisser aux requins les autres

Puis réciter pour eux quelques jolies patenôtres ?

 

Est-ce là le dilemme où nous plonge le destin

Du monde que nous avons forgé avec nos mains ?

Pour moi, c’est certain, l’aide doit être à tous offerte,

Seul choix pour laisser la porte de la paix ouverte.

 

 

Publié dans Poésies

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S
un poème de douleur qui n'a pas trouvé de solution, les gouvernants ne semblent pas orienter leurs décisions dans la bonne direction. Pendant ce temps, des humains meurent et c'est inconcevable.
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P
Oui c'est une énigme difficile à résoudre comme je le disais dans un commentaire à ecureuil bleu. Mais quelques idées.. qui ne relèvent pas de la poésie mais de la politique. En tout cas l'aide de ces populations est une nécessité, c'est la forme qui est à trouver.
E
Tu poses les bonnes questions à la fin de ton joli poème. Nous ne pouvons pas laisser mourir tous les migrants mais nouds ne pouvons pas non plus tous les accueillir. Comment résoudre ce dilemme ?
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P
C'est une énigme plus difficile à trouver que celles que tu proposes chaque mois mais je pense qu'il y a certainement des meilleures politiques que de repousser les migrants et d'abord une véritable politique d'aide au développement et ce de manière concertée avec l'ONU pour éviter les accusations de néocolonialisme et de pillage des ressources. Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il y a une concurrence entre certaines nations sur cette aide avec des intentions belliqueuses et hégémoniques cachées entre elles. Ce qui forcément est mauvais.
C
"La porte de la paix ouverte" : oui, elle devrait l'être ! mais les Hommes restent dans leur folie, ont vécu des guerres, des génocides etc....mais recommencent les mêmes erreurs. Je souhaite que ce post du jour ait le plus de visiteurs possible et fasse réfléchir même si nous, derrière nos écrans sommes bien impuissants.
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P
Bien sûr mon poème et mes dons sont bien modestes choses mais ce peu multiplié peut aboutir. En tout cas il faut en garder l'espérance.
B
Tu soulèves un sujet bien douloureux , impossible à résoudre hélas
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P
Il faut faire chacun ce qu'on peut. De plus impossible n'est pas français, selon Napoléon. Lui c'était à la guerre que rien n'était impossible. C'est à à lutter pour la paix que rien ne doit être impossible.