Cantilène de Sainte-Eulalie

Publié le par Pi_ro_94

Le cantilène de Sainte Eulalie est l'un des premiers sinon le premier texte écrit en langue romane. Il a probablement été écrit autour de l'année 880 et il est conservé à la bibliothèque de Valencienne. Pour en savoir plus sur ce document exceptionnel  en langue d'oïl vous pouvez vous rendre sur Wikipédia. Personnellement c'est là que je l'ai trouvé. Je cherchais ce qu'étaie un cantilène après avoir relu un article de mon blog "Un peu d'humour avec Boris Vian" , un poème extrait de son recueil "Cantilènes en gelée".

Un cantilène est un poème chanté du Moyen-Âge d'origine italienne très souvent sentimental.

Après l'avoir vu et lu sa traduction littérale sur Wikipédia, j'ai voulu le mettre sous forme de vers non pas rimés mais assonants comme l'était l'original.  Je n'ai pu suivre la forme en rimes ou assonances plates, j'ai donc alterné rimes plates, croisées, embrassées. On peut donc sûrement faire mieux. Par contre j'ai gardé le vers décasyllabe.

Ci dessous les trois versions :

Texte en roman

 

Adaptation française

Buona pulcella fut Eulalia.

 

Une bonne jeune-fille était Eulalie.

Bel auret corps bellezour anima.

 

Belle de corps, elle était encore plus belle d'âme.

Voldrent la ueintre li d[õ] inimi.

 

Les ennemis de Dieu voulurent la vaincre,

Voldrent la faire diaule servir

 

Ils voulurent la faire servir le Diable.

Elle nont eskoltet les mals conselliers.

 

Mais elle, elle n'écoute pas les mauvais conseillers :

Quelle d[õ] raneiet chi maent sus en ciel.

 

Qui veulent qu'elle renie Dieu qui demeure au ciel !

Ne por or ned argent ne paramenz.

 

Ni pour de l'or, ni pour de l'argent ni pour des parures,

Por manatce regiel ne preiement,

 

Pour les menaces du roi, ni ses prières :

Niule cose non la pouret omq[ue] pleier.

 

Rien ne put jamais faire plier

La polle sempre n[on] amast lo d[õ] menestier.

 

Cette fille à ce qu'elle n'aimât toujours le service de Dieu.

E por[ ]o fut p[re]sentede maximiien.

 

Pour cette raison elle fut présentée à Maximien,

Chi rex eret a cels dis soure pagiens.

 

Qui était en ces jours le roi des païens.

Il[ ]li enortet dont lei nonq[ue] chielt.

 

Il l'exhorte, ce dont peu ne lui chaut,

Qued elle fuiet lo nom xr[ist]iien.

 

À ce qu'elle rejette le nom de chrétienne.

Ellent adunet lo suon element

 

Alors elle rassemble toute sa détermination

Melz sostendreiet les empedementz.

 

Elle préférerait subir les chaînes

Quelle p[er]desse sa uirginitet.

 

Plutôt que de perdre sa virginité.

Por[ ]os furet morte a grand honestet.

 

C'est pourquoi elle mourut en grande bravoure.

Enz enl fou la getterent com arde tost.

 

Ils la jetèrent dans le feu afin qu'elle brûlât vite :

Elle colpes n[on] auret por[ ]o nos coist.

 

Comme elle était sans péché, elle ne se consuma pas.

A[ ]czo nos uoldret concreidre li rex pagiens.

 

Mais à cela, le roi païen ne voulut pas se rendre :

Ad une spede li roueret tolir lo chief.

 

Il ordonna que d'une épée, on lui tranchât la tête,

La domnizelle celle kose n[on] contredist.

 

La demoiselle ne s'y opposa en rien,

Volt lo seule lazsier si ruouet krist.

 

Toute prête à quitter le monde à la demande du Christ.

In figure de colomb uolat a ciel.

 

C'est sous la forme d'une colombe qu'elle s'envola au ciel.

Tuit oram que por[ ]nos degnet preier.

 

Tous supplions qu'elle daigne prier pour nous

Qued auuisset de nos Xr[istu]s mercit

 

Afin que Jésus Christ nous ait en pitié

Post la mort & a[ ]lui nos laist uenir.

 

Après la mort et qu'à lui il nous laisse venir,

Par souue clementia.

 

Par sa clémence.

Notes :

 

Bonne pucelle était Sainte-Eulalie

Belle de corps, plus belle encor son âme.

Voulaient la vaincre ceux à Dieu hostiles

Voulaient donc la faire servir le diable.

 

Elle n’écouta pas ses mauvais guides

Voulant qu’elle renie le Dieu du ciel.

Ni pour l’or, l’argent, les joailleries,

Ni du roi ses menaces et ses prières,

 

Rien ne put jamais la faire plier

À ne pas servir son Dieu tant aimé

Pour cela fut conduite à Maximien

Qui en ce temps était roi des païens.

 

Il l’exhorte, ce dont peu ne lui chaud,

D’abandonner là son nom de chrétienne

Elle prit alors courage à propos,

En disant préférer subir les chaines

 

Plutôt que perdre sa virginité.

Pour ce elle mourut en grand honneur.

Ils la jetèrent dans le feu brûleur.

Mais sans tache, elle n’y fut consumée.

 

Cela ne fit faiblir le roi païen

Qui par épée sitôt la décapite.

Voulant seulement obéir au Christ

La demoiselle n’y opposa rien.

 

Au ciel, en colombe elle s’est envolée

Supplions la,  que pour nous elle prie

Afin que Christ nous prenne en sa pitié

Après la mort et nous laisse venir

À lui par sa clémence.

 

Ce ne fut pas facile, j'y ai passé pas mal de temps

 

Publié dans Poésies, Litterature

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E
Tu m'as appris ce qu'était un cantilène
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P
Merci de ta visite écureuil bleu
S
tu m'épates autant par la richesse de tes "billets voyages" que tes poésies toujours si bien ciselées. il existe tant de possibilités pour l'écriture... bravo pour l'exercice
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P
Merci Sedna. Le roman ancêtre de notre français est vraiment une langue presque étrangère. Elle ensemble avoir une structure encore assez proche du latin que je ne connais pas mais qui est connu pour ces formules lapidaires. En rajoutant des vers j'aurais peut être pu évier de faire des choix mais comme je voulais globalement garder la structure poème, nombre de vers et nombre de pieds des vers. par ce que c'était un poème chanté avec certainement une partition musicale qui l'accompagnait. Je ne sais pas si la partition a été retrouvée mais comme cela reste possible qu'on la retrouve il fallait ce me semble conserver sa structure pour pouvoir le chanter.