Bref séjour à Perpignan (suite 8)

Publié le par Pi_ro_94

Les œuvres de Hyacinthe RIGAUD présentes dans son musée

Je n'ai pas revu les articles que j'ai consacrés à ce peintre l'année dernière suite à la grande rétrospective organisée l'année dernière au château de Versailles. Vous retrouverez donc certains tableaux qui avaient été prêtés par le musée pour cette rétrospective. 

Portrait présumé de Madame de la Jonchère née Charlotte Raisin (Hyacinthe Rigaud 1659 - 1743)

Ci-dessous quelques explications sur la personne portraiturée et la date d'exécution du tableau.

Portrait de Philippe d'Orléans ('1674 -1723), duc de Chartres

Le fils de  Philippe de France dit "Monsieur Frère du Roi" à environ 15 ans au moment où il pose pour ce portrait en costume militaire en 1689. Hyacinthe à lui environ 30 ans puisqu'il est né en 1659. Le début de sa carrière de peintre se fait effectivement à l'ombre de ce prince du sang frère du roi Louis XIV.  Celui-ci très satisfait de son effigie martiale "en grand", commande ce portrait de son fils. Petit-fils de France; c'est en chef de guerre qu'il est peint, hardiment appuyé sur son bâton de commandement. Il s'illustrera rapidement sur les champs de bataille européens et deviendra Régent du royaume à la mort de Louis XIV, son oncle qui aura tout fait pour l'évincer et en diminuer les pouvoirs en le flanquant d'un deuxième régent dans son testament. Mais ce testament sera contesté devant le Parlement qui le cassera. À l'époque du portrait il n'était que le 6ème dans les prétendants à la succession, derrière même le roi d'Espagne Philippe V d'Espagne dont il aurait à combattre les armées victorieusement. Donc très bon militaire, innovateur politique et financier mais aussi connu pour  sa débauche effrénée. Il meurt d'ailleurs  à la fin d'un souper sur l'épaule d'une de ses maitresses , la duchesse de Phalaris, une habituée des ses "petits soupers".

 

Les deux portraits ci-dessus sont l'œuvre de Gaspard Rigaud (1661 - 1705), le frère cadet de Hyacinthe et qui travaillera dans l'atelier de son frère

avant de créer le sien propre où il fera  le portrait de la petite bourgeoisie parisienne qui avait le goût du paraître social et se voulait gentilhomme comme l'avait bien vu Molière. Il s'agit d'un jeune couple. Sa carrière sera malheureusement écourtée par une mort précoce. Voici son portrait par sn frère.

Portrait de Gaspard Rigaud par Hyacinthe Rigaud (1691)
Autoportrait de Hyacinthe Rigaud devant le portrait de François 1er Castanier (1674 - 1759)

Ce tableau a été exécuté en 1730 à la demande de ce grand financier, d'origine carcassonnaise pour orner son luxueux hôtel particulier parisien, situé place Louis le Grand, actuelle place Vendôme. Ce Castanier fut surnommé "le plus grand coquin de France" en raison de son enrichissement éhonté pendant la Régence. Il régna sans partage sur la Compagnie des Indes. A sa mort il avait accumulé une fortune estimée à 43 milliards de livres soit près de 485 milliards d'Euros d'aujourd'hui. Finalement nos milliardaires d'aujourd'hui font pâle figure à côté de gargantuesque coquin. Je vous avais sans doute déjà présenté ce tableau l'année dernière dans ma relation sur mon blog de l'exposition consacrée au peintre au Château de Versailles.

Christ expirant sur la croix ( Jacques Gamelin 1738-1803)

Jacques Gamelin est un peintre audois né et mort à Carcassonne. Il aurait été inspiré pour ce tableau par une œuvre de Hyacinthe Rigaud sur le même sujet.

H. Rigaud aurait peint ce tableau pour l'offrir à sa mère madame Maria Serra en 1695 alors que le tableau de Gamelin est daté imprécisément de la fin du 18ème siècle. L'influence est possible surtout au niveau des teintes et de l'ambiance mais la composition est assez différente comme le traitement du paysage nettement plus fondu chez Rigaud alors qu'il est net et presque cubiste chez Gamelin On voit aussi des personnages en prière dans l'œuvre de Rigaud alors que chez  Gamelin il n'y en a pas.

Il parait que les deux œuvres ont été présentée ensemble dès l'ouverture du musée en 1833. Le Christ de Rigaud venait d'être retrouvé dans les combles de l'hôtel de ville de Perpignan où il avait dû être entreposé après les saisies révolutionnaires de 1790. Le tableau ayant été offert à la mort de sa mère au couvent des Dominicains de Perpignan par l'artiste et celui de Gamelin offert ou prêtés par un collectionneur privé.

 

Portrait dit de l'acteur Baron (Nicolas de Largillière - 1656-1746)

D'après le musée c'est impossible que ce tableau représente ce célèbre acteur de l'époque de Molière et un temps comédien de sa troupe. Le véritable portrait de l'acteur serait conservé par la Comédie française et comme aucune ressemblance n'existe entre les deux portraits, il faudrait rendre ce magnifique portrait à son anonymat. Ce personnage appartiendrait toutefois au milieu littéraire et artiste de l'époque, toujours d'après le musée.

Nicolas de Largillière est le contemporain de Hyacinthe Rigaud et de presque 3 ans son ainé. Il fit son apprentissage en Flandre puis fut employé en Angleterre par le Peter Lely, successeur de Van Dick, à la cour d'Angleterre, pour peindre le draperies; les accessoires et les fleurs de ses tableaux. Il réparait et restaurait les tableaux des demeures princières et royales. Ébahi par sa dextérité, le roi lui demanda un jour de lui présenter des œuvres personnelles, il en présenta trois et fut aussitôt admis à la faveur royale. Il pensait s'établir à Londres en Angleterre quand il reçut l'ordre de quitter le pays en raison des querelles religieuses et de la persécution des catholiques et des étrangers à cette époque en Angleterre. Il revint donc à Paris où il acquit rapidement réputation et protection. On peut dire que c'était un véritable concurrent de Rigaud et son égal même si la notoriété de ce dernier a dépassé la sienne.

Autoportrait de Hyacinthe Rigaud dit au turban (1698)

À comparer à son portrait plus de 30 ans plus tard présenté plus haut.

Il s'agit ici que d'un échantillon des œuvres qui peuvent s'admirer lors d'une visite de ce musée très intéressant.

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S
Merci pour tout ce temps consacré à nous informer sur ces portraits.
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P
Le plaisir est aussi pour moi.
E
Ce sont de très beaux portraits que tu me fais découvrir !
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P
Merci ecureuilbleu. Bon dimanche !