Voyages à Dôle et Dijon (suite 2)
J'ai passé la journée du 7 octobre 2023 à Dole. J'ai donc abandonné le vélo une journée.
Il y avait dans cette rue de Dole deux écoles qui se faisait face. Une pour les filles et l'autre était une école maternelle. Elles avaient à peu près le même style et devait datée de la même époque, celle de la Troisième République.
" L'école doit être attrayante pour l'enfant."
Comme on la devine plus qu'on n'arrive à la lire : " L'école doit fortifier la raison chez la femme sans porter atteinte à ses dons naturels". Je n'ai pas réussi à lire le nom de celui qui a commis cette sentence. Tout un programme pédagogique.
Les origines de la ville sont méconnues mais le lieu est habité depuis au moins l'époque celte Un autel païen, des offrandes (dents de sanglier) et une nécropole ayant été trouvés dans les environs de la ville. Mais c'était sans doute un village de type rural et c'est à l'époque romaine au Haut-empire que la ville commence à se développer, des toponymes en attestent comme la rue des Arènes et les fouilles ont permis de dégager des monnaies romaines et des éléments typiques de la civilisation romaine comme les tuileaux à rebord et des statuettes de divinité étrusques et des médailles aux effigies des Empereurs. Les romains d'ailleurs y installent d'ailleurs certaines tribus germaines comme les Chamaves Puis les Burgondes s'y installent ) partir du Vème siècle. Le roi Burgonde divise son royaume en pagi et l'un de ses pagi à pour capitale Dole, il est nommé Amous d'où dérive peut-être le nom de Val d'Amour ( supposition personnelle.) Au 9ème siècle le territoire de ce pagi subit les attaques et pillage des Normands. A la fin du 10ème siècle après la division de l'Empire carolingien il est érigé en comté. C'est au XIème siècle que Dole devient sa capitale.
Jean Boyvin est né le 5 août 1575 à Dole et mort le 13 septembre 1650 dans la même ville. C'est un juriste, écrivain et polymathe comtois. Polymathe veut dire féru dans beaucoup de disciplines. Il a été avocat, conseiller d'état de Flandre et de Bourgogne, il a écrit un traité d'algèbre, un traité des monnaies et de leur fabrication, un récit de la translation des "hosties miraculeuses de Faverney", une correspondance politique importante et il s'est fait historien du siège de la ville de Dole dont il a été l'un des 'organisateur de la défense contre les armées françaises comprenant 20000 hommes qui menaient les siège sous le commandement du Cardinal de Richelieu et de Henri II de Bourbon-Condé. Les troupes comtoises comprenaient 9000 hommes sous le commandement de Gérard de Wateville. La partie de ses troupes enfermées dans Dôle comprend le régiment de Louis de la Verne un peu plus de 1400 hommes et officiers, de 9 compagnie bourgeoises , d'un bataillon de 100 fantassins levé par Jean Boyvin et une compagnie de 60 cuirassiers. Les compagnie bourgeoises en temps de paix étaient chargées de la sécurité et de l'ordre public et en temps de guerre, elles participaient à la défense en aide aux troupes professionnelles. Il y avait 2 compagnies par porte pour les surveiller à Lille par exemple et 14 compagnies de 200 hommes environs qui pouvaient être des bourgeois ou des manants. Pour Dole il y avait donc probablement 4 portes à garder et 1 compagnie surnuméraire peut être constituée pour les circonstances. En tout cela pouvaient peut-être faire 3000 hommes, soldat de métiers et bourgeois compris. Ce siège est la première grande bataille de la Guerre de 10 ans, un épisode comtois de la Guerre de Trente ans qui mis au prise les royaume Européen à l'exception de la Russie et du Royaume Uni qui n'y jouèrent qu'un rôle non militaire. La France s'y engagera à front renversé puisqu'elle s'allia aux principautés protestantes du Saint Empire Romain Germanique, au Pays-Bas et au pays scandinave contre les Habsbourg d'Autriche et d'Espagne, soutenus par la papauté. Son déclencheur fut la révolte des sujets tchèques protestants des Habsbourg et la Seconde Défenestration de Prague, évènement mineur en soi.
Cette façade résume presque toute l'histoire politique, scientifique, littéraire, militaire et industrielle de Dole.
Bon j'exagère un tout petit peu. En haut à gauche vous aves reconnu Louis Pasteur qui est né à Dole en 1822 et mort à Marnes-la-Coquette en 1895. Chimiste pionnier de la biochimie et inventeur du vaccin contre la rage et de la pasteurisation.
Juste en dessous si vous m'avez lu jusqu'ici vous aurez reconnu Jean Boyvin, le héros du siège de la ville par les troupes françaises du duc de Richelieu.
Il a dédicacé son histoire du siège au roi d'Espagne Philippe IV.
Tout en haut à droite est représenté la jument verte
La jument verte est un roman de Marcel Aymé qi a été porté à l'écran par Claude Autan Lara en 1959. Marcel Aymé n'est pas né à Dole mais à Joigny dans l'Yonne mais ses parents sont originaires du Jura et il est placé dès huit ans en pension au collège.
Juste en dessous de cette jument mais un peu décalé sur la droite vous pouvez admirer le portrait de Béatrice comtesse de Bourgogne qui épousa l'empereur Frédéric 1er de Hohenstaufen dit Frédéric Barberousse ce qui contribua à augmenter l'importance de Dole.
Et juste en dessous de ce portrait, voici l'Empereur lui même dominant une noble, sainte et républicaine assemblée prenant l'air sur le balcon en trompe-l'œil.
Frédéric "Barberousse" est né en 1122 et mort noyé le 10 juin 1190 lors de la Troisième Croisade en Anatolie. Il devint empereur en 1152 alors âgé de 30 ans. Son règne plein de batailles se passa à tenter de pacifier la partie allemande de son empire et de l'étendre en Italie. Ses démêlées avec les princes et les cités italiennes et la papauté n'ont rien à envier à celles avec les princes allemands. Quand il en avait fini avec les unes, cela recommençaient avec les autres. Il eut même peut-être plus de difficultés avec l'Italie qu'avec les Allemands. Rappelons qu'il fut plusieurs fois excommunié et ce par les trois papes qu'il connut pendant son règne. Quand je dis trois papes, il y en eut bien plus que cela car il il y avait parfois plusieurs papes en même temps. Époque furieuse que ce 12ème siècle.
Parlons de son mariage avec Béatrice de Bourgogne née vers 1143, héritière du comté de Bourgogne à l'âge de 5 ans environ. Titre qui fut l'objet d'une tentative de spoliation par son oncle Guillaume III de Macon, devenu régent. C'est pour empêcher cela qu'en 1156, l'empereur qui s'était séparé de sa première épouse trois ans auparavant décide de l'épouser en seconde noce pour lui. Elle a donc environ 13 ans. Ils auront de nombreux enfants : 10 en tout mais beaucoup mourront en bas âge ou sans atteindre l'âge adulte. La cérémonie de mariage a lieu à Würzburg en Bavière le 17 juin 1156.
Béatrice est couronnée reine de Germanie en octobre de la même année par l'archevêque de Trèves. C'est une autre paire de manche que de la faire sacrer impératrice par le pape. Comme le pape Alexandre III refuse obstinément ce sacre Frédéric commence en 1167une campagne sanglante en Italie, s'empare de Rome, oblige Alexandre III à fuir et le 1er août 1167 ils se font couronner lui et sa femme comme empereur et impératrice du Saint Empire par l'antipape Pascal III à la Basilique Saint-Pierre de Rome. Béatrice eut la réputation d'être une belle et intelligente femme. Ses dernières années sont consacrées au gouvernement de son patrimoine en Bourgogne elle meurt en novembre 1184 à Jouhe dans le Jura, commune située au Nord de Dole. Elle a 41 ans. Elle repose aujourd'hui avec sa fille Agnès morte la même année qu'elle dans la crypte de la cathédrale de Spire, située dans le land de Rhénanie-Palatinat. Son cœur aurait été conservé dans l'ancienne abbaye bénédictine de Jouhe.
à suivre...