Melancholia

Publié le par Pi_ro_94

Dans les jardins les perruches criardes

Ont remplacé les moineaux sautillants

Leurs éclairs verts fulgurent dans les arbres

Dont elles grignotent les fruits brillants

Qu’elles laisseront tomber dans les allées.

J’ai voulu goûter ces pommes amères

Qui ne sont pas faîtes pour nos palais

Et qui lentement pourriront à terre ;

 

Elles si jolies et rouges l’hiver

Quand elles pendent au bout de leurs branches

Ont l’air si vilaines quand nos souliers,

Les écrasant, rendent leur chair pas franche,

Quand le ciel est gris et la terre humide

Enrobant l’âme de mélancolie,

Et qu’on repense aux évincés, au vide

Qu’ils ont laissé partout dans cette vie.

 

Ailleurs dans la ville d’autres fruits tombés

Sur le trottoir puent resservant l’horrible

Venant imbiber chaque jour nos cœurs

Du désespoir tragique des Atrides.

En sommes-nous les héritiers maudits

Condamnés au meurtre, au viol, à l’inceste ?

Qui nous sortira de cette Orestie ?

Pourrons-nous écrire un neuf palimpseste ?

 

Publié dans Poésies

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E
Je n'y connais rien en poésie mais je suis touchée par ta mélancolie
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P
C'est l'essentiel. Merci ecureuilbleu.
B
nous ne sommes pas condamnés à tant d'horreurs mais tous responsables de cette société qui se délite
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P
Le problème, c'est que le pouvoir à quelque niveau hiérarchique ou spéciste qu'il s'exerce se transforme trop souvent en pouvoir de nuire.
S
un poème criant de vérité.. Au détour de ton chemin, les fruits nous entraînent vers cette obscurité qui abime tant le quotidien
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P
Merci Sedna. J' ai essayé de suivre la prosodie la prosodie proposée par Jules Romain et Chenevières au début du 20ème siècle.