Un poème de Rimbaud...
...que certains blogueurs ont oublié. ou peut être ne connaissent pas.
Les corbeaux
Seigneur, quand froide est la prairie,
Quand, dans les hameaux abattus,
Les longs angélus se sont tus...
Sur la nature défleurie
Faites s'abattre des grands cieux
Les chers corbeaux délicieux.
Armée étrange aux cris sévères,
Les vents froids attaquent vos nids !
Vous, le long des fleuves jaunis,
Sur les routes aux vieux calvaires,
Sur les fossés et sur les trous
Dispersez-vous, ralliez vous !
Par milliers, sur les champs de France,
Où dorment des morts d'avant hier,
Tournoyez, n'est-ce pas, l'hiver,
Pour que chaque passant repense !
Sois donc le crieur du devoir,
O notre funèbre oiseau noir !
Mais, saints du ciel, en haut du chêne,
Mât perdu dans le soir charmé,
Laissez les fauvettes de mai
Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,
Dans l'herbe d'ou l'on ne peut fuir,
La défaite sans avenir.
Avec des moyens très simples, une évocation puissante et poignante de la guerre de 1870 et ses résultats.