Ebauche d'un serpent ( de Paul Valéry) suite5...

Publié le par Pi_ro_94

serpent-et-soleil.jpg  Ebauche d'un serpent ( de Paul Valéry) suite4...   Ebauche d'un serpent (de Paul Valéry)

O quelle prose non pareille,

Que d’esprit n’ai-je pas jeté

Dans le dédale duveté

De cette merveilleuse oreille !

Là, pensais-je, rien de perdu ;

Tout profite au cœur suspendu !

Sur triomphe ! si ma parole,

De l’âme obsédant le trésor,serpent.jpg

Comme une abeille une corolle

Ne quitte plus l’oreille d’or !


«Rien, lui soufflais-je, n’est moins sûr

Que la parole divine, Ève !

Une science vive crève

L’énormité de ce fruit mûr !

N’écoute l’Être vieil et pur

Qui maudit la morsure brève !

Que si ta bouche fait un rêve,

Cette soif qui songe à la sève,

Ce délice à demi futur,

C’est l’éternité fondante, Ève ! »


Elle buvait mes petits mots

Qui bâtissaient une œuvre étrange ;

Son œil, parfois, perdait un ange

Pour revenir à mes rameaux.

Le plus rusé des animaux

Qui te raille d’être si dure,

O perfide et grosse de maux,

N’est qu’une voix dans la verdure !

- Mais sérieuse l’Ève était

Qui sous la branche l’écoutait !


« Ame, disais-je, doux séjour

De toute extase prohibée,

Sens-tu la sinueuse amour

Que j’ai du Père dérobée ?

Je l’ai, cette essence du Ciel,

A des fins plus douce que miel

Délicatement ordonnée…

Prends de ce fruit… Dresse ton bras !

Pour cueillir ce que tu voudras

Ta belle main te fut donnée ! »

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