Epithalame (Guillaume Apollinaire)

Publié le par Pi_ro_94

 L'épithalame est un chant en l'honneur des mariés. Voici un curieux épithalame de Guillaume Apollinaire.

 

Il est trop tard, il est trop tard, l'homme a pris ma soeur   

Aux mamelles tentantes en la tristor des soirs,

Et je n'ai pu vouloir sous les étoiles habituelles 7072306249_8526f12866.jpg

Ecouter les baisers que lui donnait l'Amant.

 

La chasse, ô soeur, la chasse a corné dans les nuits,

Les corneurs au loin ont fait un vain bruit,

Et la tête mourante a déchiré ton sein

Pour réchauffer le front trahi du morne Saint.

 

Rêvons! Rêvons, ô soeur! -Tes tresses magnifiques !-

As-tu des rêves d'or de femme prolifique ?

Et puis ce rêve est nul avec d'autres comas,

Et c'est à toi qu'il dit que jamais tu n'aimas.

 

Ô soeur, vierge impudique, qui reviens de là-bas

Ne t'es-tu pas livrée au mage des sabbats ?

Le désir de savoir ce que là tu fis nue,

Dis, ce sera pareil, ce conte inconnu,

 

Pareil à vos amours, livres non encor lus ?

La volonte, la volonté, oh! de ce que tu voulais.

Enfant aux seins trop durs, pointes-rubis balais;

Ô enfant, ô soeur, pourquoi t'es-tu livrée ? -

 

A tes pieds, l'aurore jeta ses fleurs de lauriers-roses;

Et ta fleur, et ton sein, et la nuit, et l'hypnose

M'ont fait mourir un peu, ô Belle au bois dormant !

Attendant le galop du cheval de l'amant.

 

Or, tu partis en croupe,  le Mage te baisa,

Sur les yeux, sur les seins, sur la bouche il osa !

Ô dis, ô dis, ô soeur, dis-moi ce qu'il n'osa !...

Et te voilà revenue, pantelante, ô ma soeur !

De ce pays de feu où les femmes vont nues,

Où les membres sont noirs aux hommes qui t'aimèrent,

Où de longs corps se pâment au coin des carrefours,

Où l'on tranche la tête au soleil chaque jour

Pour qu'il verse son sang en rayons sur la terre.

 

                                           Tiré de "Il y a"

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
Merci à pontmercy pour son passage et son com. Je n'ai pas réussi à aller sur son blog.
Répondre
K
Bonsoir Piro,<br /> <br /> Je suis persuadé que cet "Epithalame" n'est pas de la main de Guillaume Apollinaire. L'art de la prosodie n'y est pas respecté. Il n'est pas de poète averti qui ne respecte cet art quand il<br /> l'utilise. Par ailleurs, j'ai pu me rendre compte qu'il connaissait et respectait aussi bien la métrique que la rime. Cet épithalame est d'une piètre composition d'où mon désaccord sur l'origine de<br /> l'auteur.<br /> <br /> Bien à vous...
Répondre
P
En supplément à ma première réponse, je dirais qu'Apollinaire, comme beaucoup de ses contemporains, n'a pas toujours respecté les règles de la poésie classique.
P
Mais pour qui se prend-il celui-là ?
P
<br /> <br /> Bonsoir Kristen,<br /> <br /> <br /> Il figure bel et bien dans les "oeuvres poétiques" d'Apollinaire publiées dans la Pléiade.<br /> <br /> <br /> Mais je dirais que vous avez à la fois tort et raison : le recueil "Il y a" ayant été publié après sa mort. C'est même le premier qui a été édité après sa mort. Il en existe deux versio, une qui<br /> était en possession d'Albert Savinio et une autre en possession de Mme Apollinaire avec des varaintes entre les deux. On peut considérer que toutes  sont des versions non définitives : des<br /> ébauches ou des brouillons. Mais la mort du poète est survenue.<br /> <br /> <br /> <br />