In memoriam
J’ai relu du relou, un auteur bien çaifran
Ce n’est pas Gohu mais Teprousse
Je n’ai pas ce faisant perdu mon temps
Je l’ai même retrouvé à mes trousses.
C’est le miracle d’une madeleine
Qui pleure ses frêles larmes de thé
Dont la saveur et la chaude haleine
Réveille soudain en vous le passé.
Le bon plumard où je suis allongé
N’est plus dans cette chambre impersonnelle
D’hôtel où hier soir j’ai débarqué
Mais la mienne revenue fidèle
De mon enfance à travers les années.
Je m’y revois avec mon frangin
A Noël devant la cheminée
Où trône la crèche et deux séraphins
Un rose et un bleu aux ailes dorées
Qui regardent un bambin rose et nu
Couché dans une corbeille empaillée.
Joseph, Marie sont là et revenus
Appelés par mon imagination
Tout un monde biblique et provençal,
Coloré, qui autour fait procession,
Tambour, berger portant l’agneau pascal
Rois-mages, arlésienne, coqs et poules
Tous sont là posés sur le marbre noir
Comme ils l’étaient alors, belle foule
De santons toute prête à se mouvoir ;
Et nous, à l’instant où je m’y transporte,
A peine sortis du sommeil et pris
De passion jumelle pour d’autres sortes
De merveilles, sur le parquet assis,
Les yeux pleins de joie et de désirs,
Nous déballons avec empressements
Tous les cadeaux que vient de nous offrir
Le Père Noël, ami des enfants.
Ô frère disparu, quels souvenirs,
De cette chambre où les chagrins et peurs
De l’enfance passaient comme un soupir
Emportés par nos jeux et les bonheurs
De l’instant présent, avais-tu gardés ?
Peut-être le même ou bien un autre
Qu’en fouillant bien je pourrais retrouvé
Dans cette mémoire qui fut la nôtre.