Pierrot le fou

Publié le par Pi_ro_94

 

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J'ai revu récemment (jeudi 19 juillet) sur Arte le film de Jean Luc Godard "Pierrot le fou". J'y ai pris toujours autant de plaisir et franchement c'est un film qui n'a pas pris une ride. Je vous livre l'analyse critique que j'avais écris il y a de cela 19 ans. Je reste d'accord avec ce que je disais à l'époque même si cela n'épuise pas le sujet du film qui par sa déconstruction des codes montre comment l'oeuvre d'art et l'indutrie cinématographique s'inspire et construit notre propre imaginaire.

 

Extrait de mon « journal »

21/07/91. Hier, je suis allé voir « Pierrot le fou » de Godard. J’ai aimé : […] mon esprit critique était-il sous éteignoir ? Je ne le pense pas. J’étais simplement dans l’état d’esprit qui convenait et prêt à le recevoir.

 Comme toujours chez Godard, le montage est déroutant et déroutant exprès mais ce n’est pas encore du « Godard » : c’est à dire un style dans lequel l’auteur s’est enfermé et qui, à force d’être poussé à son extrême limite, de signifiant au début s’est peu à peu obscurci pour devenir finalement un signe de reconnaissance, comme un « coucou » de la main discret au gens de la même obédience et aux inconditionnels.

Ici, la thématique est assez riche et pleine de références culturelles. Le film ressemble à un mélange de « thriller » et de «comédie » musicale » à l’américaine mais revisité par l’intellectuel français* Godard. Ce mélange est assez savoureux et parfois drôle. Il faut évidemment aimer ce jeu de miroirs, de transfert et de cache-cache de l’univers de l’action américain dans l’univers de la poésie et de la pensée française. Ce décalage est en plus le double (toujours les miroirs ) du décalage entre les univers féminin et masculin. Le film déroule ainsi tout un jeu d’oppositions (on notera encore celle de la vie ordinaire, insignifiante, bourgeoise et platement normale qui est celle du héros au début du film et celle, plus extraordinaire en apparence, qu’il mène après sa fuite de la « maison » et son basculement dans l’aventure). En filigrane, derrière la parodie, la tendresse, l’humour, la folie, se dessine aussi la différence de l’œuvre de fiction d’avec la réalité et leur interprétation et interpénétration mutuelles. La vie, comme semble vouloir le monter Godard, est le développement conflictuel de nos fantasmes (œuvres imaginaires) dans la réalité. Elle s’arrête quand, arrivée à un paroxysme, il n’y a tout à coup plus assez d’imaginaire pour la  poursuivre.

* : à l’époque je ne savais pas que Godard était suisse. J’aurais donc dû dire francophone.

Publié dans Cinéma

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