Poème pour l'aube
(En hommage à Aimé Césaire qui vient d'être honoré par une plaque comémorative scellée au Panthéon)
les fougues de chair vive
aux étés éployés de l'écorce cérébrale
ont flagellé les contours de la terre
les ramphorinques dans le sarcasme de leur queue
prennent le vent
le vent qui n'a plus d'épée
le vent qui n'est plus qu'une gaule à cueillir
les fruits de toutes les saisons du ciel
mains ouvertes
mains vertes
pour les fêtes belles des fonctions anhydrides
il neigera d'adorables crépuscules sur les mains coupées
des mémoires respirantes
et voici
sur les rhagades de nos lèvres d'Orénoque désespéré
l'heureuse tendresse des îles bercées par la poitrine
adolescente des sources de la mer
et dans l'air le pain toujours renaissant des efforts
musculaires
l'aube irrésistible ouverte sous la feuille
telle clarteux l'élan épineux des belladones
Aimé Césaire
Les armes miraculeuses