Hommage à Ysengrin

Publié le par Pi_ro_94

Ysengrin était un des blogueurs  d'over-blog. il est décédé des suites d'une longue maladie. J'appréciais ses écrits et son blog qui a été repris un moment par sa fille, Patou. Ce blog peut toujours être visité mais il n'est plus alimenté.

 

Le texte que je vous propose ce soir était destiné au site d'Ysengrin. je l'avais écrit pous sa rubrique "Arbre à palabres" mais il n'y a pas été publié.

 

                                                 L’arbre à palabres

 

baobabs-2Le voyageur arriva dans le village incendié par le soleil. Sa gourde était vide et il avait fort soif. Il ne vit d’abord personne et puis un enfant sortit d’une des cases en criant suivi d’un autre. Il s’arrêtèrent  en le voyant et retournèrent dans la case. Ils ressortirent avec une femme.

Celle-ci s’avança sans rien dire un peu devant la case. L’homme montra sa gourde en la retournant pour monter qu’il n’avait plus d’eau. La femme s’adressa à un des enfants, le plus grand, qui fila en dehors du village. Quelques temps après il revint avec un homme qui devait être le chef du village. Le voyageur refit son geste devant lui et ajouta dans un anglais approximatif « Avez-vous de l’eau s’il vous plait ? ». L’homme invita le voyageur à le suivre.

Ils ressortirent du village et  l’homme alla cueillir un fruit  sur un arbre puis en trancha la tête d’un coup de machette et le tendit au voyageur. Ce fruit était rempli d’un jus suave et frais qui le désaltéra. Il remercia l’homme et s’apprêtait à lui demander un autre genre d’aide mais ce dernier lui fit signe de le suivre. Il marchèrent un certain temps avant d’arriver devant un grand et large arbre où un groupe d’homme était réuni et parlait de manière animée. Le voyageur reconnut un baobab. Le chef en arrivant dit quelques mots aux hommes qui palabraient entre eux, ceux-ci firent silence un instant avant de reprendre plus joyeux leur conversation. Le voyageur eut l’impression que c’était autour de lui que tournait maintenant la conversation. Il fut invité à s’asseoir par le chef. Tout le monde maintenant l’interrogeait qui en anglais, qui dans un français très hésitant. Il dut répondre à toute sorte de questions sans trop savoir s’il se faisait bien comprendre. D’où il venait ? S’il était marié, s’il avait des enfants ? Pourquoi il était seul dans la savane ? Il leur expliqua qu’il n’était pas seul mais que leur voiture étant tombée en panne  il avait laissé son compagnon avec la voiture et était allé cherchez du secours. Il ne pensait pas être si loin de toute habitation et donc avait  dû marcher  plus longtemps que prévu avant de trouver leur village. Le chef parla quelques instants avec les autres hommes du village puis se retournant vers le voyageur lui dit que Waïkalou, l’un de ses fils, l’accompagnerait au lodge le plus proche pour trouver un véhicule capable de remorquer sa voiture.

 

Le Lodge n’était pas si loin du village et le voyageur se dit qu’il était certainement passé devant sans le remarquer. Peut-être qu’en pleine nuit, il aurait vu les lumières mais dans la journée, il n’avait remarqué que des arbres.

 

Au lodge on lui dit qu’il avait eu beaucoup de chance de ne pas se faire attaquer par un fauve ou même par un buffle, animal assez irascible et qui n’aime pas être dérangé. Il raconta qu’il n’avait vu que de paisibles gazelles, des girafes et des zèbres. On lui dit encore que s’il n’avait rien vu, lui avait certainement été vu et reniflé par des animaux plus dangereux que ces herbivores.

 

Waïkalou qui parlait un peu le français, lui dit qu’il faudrait au retour venir raconter cela sous l’arbre à palabres afin que le village se rappelle cette aventure..

 

Quand ils partirent à la recherche du compagnon, le soleil se couchait d’un beau rouge éclatant faisant danser les ombres des arbres sur la terre ocre de la piste. Un silence étonnant remplissait la savane. C’était un véritable convoi, il y avait trois jeeps avec des hommes armés dans chacune des voitures. Un homme qui parlait parfaitement le français, sans doute un guide pour touriste, expliqua que c’était nécessaire pour se protéger des fauves qui à cette heure ne se reposaient plus et peut être aussi d’éventuels braconniers.

 

Ils mirent un certains temps pour retrouver la voiture et le compagnon du voyageur qui s’était réfugié dans le quatre-quatre entouré de quelques lionnes qui tournaient autour . En entendant les autres voitures, les lionnes s’arrêtèrent, tournant la tête vers l’endroit d’où ces voitures surgissaient. Les hommes armées tirèrent quelques coup de feu en l’air et les lionnes finirent par s’écarter non sans grogner et monter les dents. Elles n’allèrent pas bien loin .Aussi les hommes firent un rempart de leur jeep et rapidement attachèrent un câble au quatre-quatre puis tous remontèrent dans les jeeps ou le quatre-quatre et repartirent pour le lodge.

 

Au lodge, il faisait entièrement nuit quand Waïkalou les quitta pour retourner dans son village mais la nuit ne lui faisait pas peur, ni les fauves dit-il en montrant sa machette et ses amulettes, il était fils de chef.

 

Les deux voyageurs se reposèrent quelques jours au lodge en attendant que leur voiture fut réparée puis décidèrent de retourner au village pour deviser de leur aventure sous l’arbre à palabres, le grand et mystérieux baobab qui connaît tant d’histoires.

 

Une fois bien installés sous l’arbre, ils s’aperçurent bien vite  que l’histoire était déjà connue de tous, même des femmes et des enfants. Chacun avait maintenant sa propre version et tous en rigolaient mais voulaient quand même entendre leur propre version. Il la racontèrent donc. Le compagnon indiquant combien son inquiétude avait monté quand il n’avait pas vu son ami revenir rapidement avec du secours. Tout en les écoutant, les villageois ne cessaient d’intervenir pour leur rappeler comment cela s’était passé d’après les contes de Waïkalou.  Il y était question d’hommes-léopards, d’intervention de la lune et aussi d’un hippopotame mythique. Et tout le monde buvait dans le même récipient en terre un alcool fait a partir de je ne sais quel fruit ou racine.

  

Le baobab écoutait cela silencieusement, manifestant son approbation  en agitant quelques feuilles de temps à autres. Ce fut un moment inoubliable pour les deux voyageurs.

 

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