Le Fort de Joux
Le Fort de Joux se trouve dans le département du Doubs sur la commune de la Cluse-et-Mijoux. Je l'ai visité en juillet 2011. C'est dire que cela fera bientôt 10 ans.
Il est situé sur un promontoire rocheux qui surplombe la cluse de Pontarlier et contrôle le passage vers la Suisse. Longtemps propriété des seigneurs de Joux il abrite maintenant un musée.
Le Territoire fit longtemps partie du Saint-Empire Romain Germanique puis il fut rattaché à la Franche Conté qui n'a été rattachée à la France que sous Louis XIV. Fortifié par Vauban, il échappa à la destruction des autres forts de la région avec deux autres forts.
Comme dans tout château fort au Moyen-Âge il y avait une basse-cour situé derrière la première enceinte et une haute cour située derrière la deuxième enceinte. La basse-cour servait à abriter la population (hommes et animaux) en cas de danger. C'est dans la haute-cour que se situait la demeure du seigneur. Je ne sais plus si ici on est dans la haute-cour ou la basse-cour.
Là je pense qu'il s'agit de la haute-cour.
Mirabeau fut enfermé au fort de Joux en 1775 à la demande de son père pour lui permettre d'échapper à ses créanciers. Effectivement Mirabeau contractait régulièrement forces dettes et a longtemps mené une vie dissolue. C'est la raison pour laquelle son père a souvent obtenu des lettres de cachet contre lui. Il a été enfermé dans plusieurs prisons royales : château de Vincennes, château d'If, fort de Joux, Bastille. Au fort de Joux, il avait la belle vie car il avait obtenu de pouvoir se rendre régulièrement à Pontarlier où il connut lors d'une fête donnée en l'honneur de Louis XVI, celle qui deviendra sa maitresse, Sophie de Ruffey, marquise de Monnier par son mariage avec le marquis de Monnier de 50 ans son ainé et avec laquelle il s'enfuira au Pays-Bas.
Les shakos sont des couvre-chefs militaires ayant la forme de cône tronqué. Il remplace le bicorne pour les officiers à partir de 1807.
Il s'agit à gauche d'un casque de cuirassier de l'armée impériale française ayant appartenu à un cavalier de l'Armée de l'Est, la fameuse armée Bourbaki.. L'autre à droite est un casque à pointe du régiment prussien du Royal Kohlberg. Il s'agit d'une prise de l'armée Bourbaki retrouvée en suisse.
L'Armée Bourbaki composée de 100 000 hommes après que l'armistice eut été signé entre l'armée allemande et l'armée française (Convention de Verrières) se rendait en Suisse pour y être désarmée lorsque elle fut attaquée par un bataillon prussien de 500 hommes. Les canons du fort de Joux la défendirent, la victoire revint au Français..
Je ne connaissais pas cette épisode curieux de la guerre de 1870-71. Un peu présomptueux de la part des Prussiens quand même.
Une femme y fut enfermée par son mari, un des seigneurs de Joux de retour de croisade, la belle ne s'étant pas ennuyée pendant ce temps où il guerroyait en Terre-Sainte. Malgré sa très mauvaise situation, la belle survécut à son mari et pu retrouver de douces joies avec son amant. En tout cas c'est l'histoire que nous a raconté le guide.
L'escalier à vis qui relie la cour du donjon aux galeries souterraines à 30 mètres sous terre a été construit par Joffre, alors jeune capitaine du Génie après la guerre perdue de 1870-71. Il était doté d'un monte-charges.
Il y a en France et en Suisse un certains nombres de pôles mémoriels rappelant le long combat pour l'abolition de l'esclavage
Tout en bas de la plaque, il y a le Château de Joux qui rend hommage à Toussaint Louverture et son combat pour l'abolition de l'esclavage, révolte des esclave de l'île de Saint Domingue dont il fut la grande figure.
Après on peut voir dans un cadre Champagney où existe une Maison de la Négritude et des Droits de l'Homme fondé en 1971 avec le patronage de Léopold Sédar Senghor. Champagney mentionna en 1789 dans ses cahiers de doléance la douleur que ses habitants éprouvaient en pensant à la souffrance des noirs réduit en esclavage.
Ensuite vient Fessenheim et son espace muséographique Victor Schoelcher.
Tout en haut de la plaque il est mentionné Emberménil où se situe la maison de l'Abbé Grégoire un fervent partisan de l'abolition de l'esclavage, membre de la Société des amis des noirs. Voici un extrait de son discours le 17 juin 1793 à la Convention Nationale : "Il existe encore une aristocratie, celle de la couleur de la peau. Plus grands que vos prédécesseurs qui l'ont pour ainsi dire instaurée, vous la ferez disparaitre".
Un peu à gauche est mentionné Lunéville et le château des Lumières. Le château de Lunéville, surnommé le Versailles lorrain fut avant la Révolution un grand centre d'animation intellectuelle, recevant Voltaire, Montesquieu, Helvétius. De cette cour de Lunéville sortis trois futur abolitioniste : Jean François marquis de Saint-Lambert, le prince Charles Juste de Beauvau-Craon et le chevalier Stanislas Jean de Boufflers, tous membres de la Société des Amis des Noirs.
François Dominique Toussaint Louverture (mai 1743 - 7 avril 1803) à l'origine Toussaint de Bréda est un ancien esclave créole affranchi au moment où éclate la révolte des esclaves à Saint- Domingue en 1791. C'est donc déjà un homme libre et il n'est pas certain qu'il y participe dès le début de l'insurrection. Il rentre en relation avec les insurgés en qualité de médecin car il connait l'usage médicinale des plantes. Face à la furia anarchique de la révolte il organise une garde disciplinée pour l'un des chefs Biassou. Il s'allie un moment avec les Espagnols puis en 1794 tourne casaque et se rallie à la République Française qui offre la liberté aux esclaves noirs alors qu'il voit que les Espagnols ne sont pas disposés à faire de même. Il reprend donc les combats contre les Espagnols qui en 1795 défaits signent la paix avec la France et cède la partie sud-ouest de l'île à la France. Il chasse ensuite les anglais de la partie ouest. Dans un premier temps Napoléon Bonaparte le nomme capitaine général de l'île. Toussaint Louverture administre l'île de façon autoritaire, en ménageant les blancs et en obligeant les anciens esclaves à travailler sur les anciennes habitations provoquant des révoltes parmi cette population qui assimile cette obligation à un retour à l'esclavage. Sans doute cherche-t-il ainsi à maintenir la prospérité de l'île. Après le coup d'état de Bonaparte il élabore et promulgue une Constitution autonomiste et autocratique qui le norme gouverneur à vie en 1801 puis il envahit l'ancienne partie espagnole alors que Napoléon vise à se réconcilier avec l'Espagne. C'est trop pour Napoléon qui envoie une armée sous le commandement du général Leclerc, son beau-frère, forte d'environ 25000 hommes environ. Trahi par les défections de certains de ses lieutenants, il est certes affaibli mais pas vraiment vaincu militairement mais plutôt politiquement selon Aimé Césaire pour n'avoir pas voulu dévoilé clairement son objectif : l'indépendance de l'île seule garantie de la Liberté, il fini par se rendre sous des promesses fallacieuses dont il n'est pas dupe mais qu'il accepte comme un destin, persuadé qu'il est devenu un obstacle à la réalisation de l'union de toutes les forces anti-esclavagistes. Avant d'embarquer pour l'exil, il aurait prophétisé : «En me renversant, on n’a abattu à Saint-Domingue que le tronc de l’arbre de la Liberté des Noirs, il repoussera par les racines parce qu’elles sont profondes et nombreuses ».
Que voyait Toussaint par le mince jour que laissait passer la fenêtre au trois-quarts condamnée ? Les montagnes desséchées par l'été 1802, puis recouvertes par la neige de l'hiver 1802-1803 et enfin à nouveau vertes du printemps. En tout cas il mourut d'apoplexie (AVC) et de pneumonie vaincu par le rude climat du Doubs le 7 avril 1803. Il eut le temps pendant son incarcération de rédiger ses mémoires. Lui combattant infatigable de la Liberté des noirs mourut en prison mais seul son corps était prisonnier pas son esprit.
C'est Vauban qui le fit creuser. Il mesurait à l'origine 147 mètres et puisait l'eau 10 mètres en-dessous du niveau du Doubs. Il n'y eut que deux morts pendant son creusement. Joffre le fit raccourcir. A l'origine une roue à écureuil permettait de remonter l'eau.
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