Rien que pour voyager
Dans le ciel soudain clair
Un sourire tout pâle
Et effilé se montre
À ce soleil d’hiver
Qu’attire à l’horizon
L’ édredon des nuages.
C’est la lune qui vient
Déjà bercer son sommeil.
C’est elle maintenant
En reine de la nuit
Qui veillera dans le ciel.
Et mon cœur en marchant
S’émeut de voir bientôt
S’ouvrir l’œil des étoiles
Dans l’infini nocturne,
Artisanes avec elle
De la robe céleste.
Et voilà ce diadème
Entouré de diamants
Qui me suit pas à pas
Dans les rues de Paris
Moi, en bas pauvre fourmi
Parmi tant d’autres qui vaquent
Dans cette grande ville.
Bientôt les hauts immeubles
Et les arbres se mirent
Dans la Seine illuminée
Pour les fêtes de Noël
Et du Nouvel An.
Et c’est sans jalousie
Que le ciel regarde
Cette espèce de miroir
De lui-même que tend
Au-dessous de lui, la ville.
Dans cette aurore électrique,
Comme tous les passants
Qui vont à leurs affaires
Ou bien à leurs amours,
Je continue d’avancer
Rien que pour voyager
Et rêver, sans autre but,
Sans terminus que la fatigue
De mes pieds et la marche
D’un escalier.