Voyages à Dôle et Dijon (suite 4)

Publié le par Pi_ro_94

Autres personnages du balcon de la fresque monumentale

Dans le dernier article portant su ce voyage je vous ai parlé de Charles Quint et de ces démêlées avec François 1er. Passons maintenant aux autres personnages sur le balcon.

Balcon de la fresque des Dolois

Quelle est cette religieuse à la droite de Charles Quint ?

Sœur hospitalière

Il s'agit d'une sœur hospitalière de la communauté des sœurs hospitalière Sainte-Marthe de Beaune qui se sont installées dans l'hôpital de la ville en 1663

Cette communauté religieuse a été créée  en 1443 par Nicolas Rolin, le chancelier de Philippe le Bon,  duc de Bourgogne. 

Nicolas Rolin (vers 1376 - 18-01-1462)

Nicolas Rolin ou Rollin  est né dans une famille Bourgeoise d'Autun. Il se mariera trois fois d'abord  en 1398 à l'une des  filles de son beau-père, sa mère s'étant remariée après le décès du père; l'autre fille ayant épousée son frère. Après le décès de sa première femme, il se remarie en 1407 avec Marie des Landes, ce qui favorise son entrée dans la bourgeoisie parisienne. De ce second mariage il a quatre enfants. De nouveau veuf il épousera en 1421 Guigone de Salins, issue de la noblesse comtoise et dame d'honneur de la duchesse de Bourgogne.

Guigone de Salins (1403 -1470)

C'est Guigone qui convainc Rolin de faire œuvre de charité en créant les Hospices de Beaune pour accueillir les pauvres et les malades. Elle est donc cofondatrice de ces fameux Hospices avec son mari. Les premières démarches commencent en 1441 en sollicitant à la fois le pape et le duc ¨Philippe le Bon.  Le chancelier après avoir hésité à choisi Beaune plutôt que Autun car Beaune est une ville de fort passage et ne possède pas de grande fondation religieuse. C'est le 4 août 1443 qu'est signé l'acte de Fondation :

« Moi, Nicolas Rolin, chevalier, citoyen d’Autun, seigneur d’Authume et chancelier de Bourgogne, en ce jour de dimanche, le 4 du mois d’août, en l’an de Seigneur 1443 […] dans l’intérêt de mon salut, désireux d’échanger contre des biens célestes, les biens temporels […] je fonde, et dote irrévocablement en la ville de Beaune, un hôpital pour les pauvres malades, avec une chapelle, en l’honneur de Dieu et de sa glorieuse mère… »

Hôtel-Dieu de Beaune

 

Il faudra 8 ans pour acquérir les terrains construire les bâtiments et c'est le 30 et le 31 décembre 1451 que la chapelle et le cimetière sont bénis et le 1er janvier 1452 les Hospices accueillent leurs premiers patients. Il restera en activité jusqu'à la fin des années 60 et début 70 , sauf pour la gériatrie qui continuera jusqu'en1984. Il accueille aujourd'hui un musée de la médecine mais les Hospices civiles de Beaune poursuivent leur activités hospitalières avec plusieurs établissement dans le Sud de la Bourgogne dont l'hôpital Philippe le Bon à Beaune et un institut de formation paramédical.  

C'est en 1459 que Nicola Rolin obtient la création de la communautés des sœurs hospitalières Sainte-Marthe de Beaune dont la règle leur impose la vie monastique et les soins aux pauvres et aux malades.

Après le décès de Nicolas Rolin, Guigone de Salins continue d'administrer jusqu'à sa mort les Hospices de Beaune. C'est Louis XIV qui leur donnera le statut d'Hôtel-Dieu.

Aujourd'hui la congrégation des Hospitalières de Sainte-Marthe de Beaune en est l'héritière. Elle a été fondée en 1939 et c'est un institut religieux catholique régulier de droit pontifical.

Le Jugement dernier de Rogier van der Weyden

Ce tableau a été commandé par Nicolas Rolin et son épouse pour orner à l'origine la chapelle des Hospices de Beaune. Il y est toujours exposé mais dans une salle spéciale climatisée.

Jean le bon est duc de Bourgogne du 10 septembre 1419 à sa mort le 15 juin 1467. C'est un des personnages important de la Guerre de Cent ans.

Portrait de Philippe III de Bourgogne, dit Philippe le Bon

Il accède au duché, suite à l'assassinat se son père  Jean 1er de Bourgogne dit Jean sans Peur le même 10 septembre sur le pont de Montereau par le parti Armagnac lors de sa rencontre avec le Dauphin qui finira par devenir Charles VII grâce à l'intervention  notamment de Jeanne d'Arc. Il faut dire qu'il avait lui-même commandité l'assassinat  en 1407 de Louis 1er d'Orléans, frère du roi Charles VI  dit le Fou et principal membre du Conseil de régence après la reine Isabeau de Bavière lors des "absences" psychiques du roi. Ce premier assassinat avait déclenché dans un premier temps la guerre civile entre Armagnac et Bourguignon puis après la demande d'aide de Jean sans Peur aux Anglais, la reprise de la guerre de Cent Ans (1336 1453).  Philippe le Bon dès son accession au duché signe un traité avec les Anglais à Troyes en 1420  reconnaissant Henry V d'Angleterre comme héritier présomptif de la couronne de France en lieu et place du Dauphin.

Le but de ses assassinats est de contrôler le Conseil de Régence. C'est donc une dispute du pouvoir mais avec aussi des enjeux religieux et économiques car nous sommes dans la période du Grand Schisme d'Occident avec un antipape qui siège à Avignon Clément VII et le Pape Urbain VI qui siège à Rome à cette époque. Ce Grand Shiisme qui va durer 40 ans ( de 1378 à 1417) sera l'un des évènements prolégomènes de la Réforme protestante et aussi probablement de l'absolutisme, les différents royaumes et principautés se rangeant derrière l'un ou l'autres des papes.  

Philippe le Bon devient duc de Bourgogne quand ce schisme est terminé, cela lui retire un problème, les Bourguignons ayant toujours soutenu le pape romain contre celui d'Avignon alors que le roi de France soutenait le pape d'Avignon. Il sera dès lors avec les Anglais le  grand ennemi du Dauphin puis roi de France Charles VII jusqu'à son ralliement en 1435 et la signature du traité d'Arras. Charles VII fait beaucoup de concessions à Philippe le Bon et se débarrasse ainsi d'un ennemi sur son flanc est. Les Anglais présents au traité de paix restent intransigeants et considèrent que c'est le traité de Troyes qui doit continuer de s'appliquer qui leur donne le droit à la couronne de France, ils se retirent donc des négociations. Sont également présentes à ces négociations, une délégation papale, le cardinal de Chypre en tant que porte parole du Concile de Bâle, l'Empereur du Saint Empire Sigismond du Luxembourg,  Amédée VIII de Savoie en tant que médiateur; des délégations des royaumes de Pologne, de Castille et d'Aragon.  C'est donc la première conférence Européenne. Ce traité ne met pas fin à la guerre entre la France et l'Angleterre qui se poursuit pendant encore 18 années le temps pour Charles VII  de reprendre au Anglais d'abord la Normandie et une partie de la Picardie et la Guyenne à la bataille décisive de Chatillon (1453). Les Anglais sont seulement chassés du royaume sauf à Calais qu'ils conservent à la demande de Philippe le Bon pour conserver l'accès aux laines anglaises qui transitent par Calais pour alimenter les fabriques textiles des Flandre bourguignonnes.

 Il s'agit seulement d'une fin militaire. Un traité ne sera signé qu'en 1475 entre Edouard IV et Louis XI à Picquigny qui comme à son habitude ruse et offre avant la bataille trois cens chariots de vin à Edouard IV qui se retrouve à la tête d'une armée avinée incapable de combattre. Edouard IV préfère alors négocier une paix et l'abandon des prétentions anglaises à la couronne de France contre de l'argent  que risquer une défaite qui fragiliserait sa propre couronne ( Guerre civile anglaise dite des Deux Roses, 1455-1485).

Quant aux deux autres femmes qui figurent sur la fresque du balcon je vous laisse pour l'instant dans le mystère.

À suivre...

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E
Cette fresque est très belle. Merci pour tes recherches sur les personnages qui la composent
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P
Merci de ta visite. Ces personnages sont comme une ouverture sur leur époque.<br />
S
ils n'ont pas des têtes sympas .-). merci pour les recherches historiques .. encore un superbe article
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P
Merci d'apprécier Sedna. L'époque n'était pas à la joie non plus. Je suppose que les portraits des grands obéissaient à un code et qu'il ne fallait surtout pas sourire donc leur expression est neutre ou sérieuse. En ce temps là ces "importants" n'avaient de compte à rendre qu'à Dieu où à leur souverains s'ils étaient des vassaux, pour quelles raisons se seraient-il montrés sympa sur leurs portraits ?