Quand on les voit de loin...
Quand on les voit de loin à travers le jour gris
Élevant vers le ciel leurs bras aux mille doigts
Invoquent-ils quelque dieu caché dans ce limbe
Opaque à nos regards malvoyants et blessés ?
Ont-ils présentiment de sa présence occulte
Sous le corporal blanc où de nous il se cache ?
Communauté d’orants dépouillés de leur or
Ils sont là priant que reviennent le printemps.
Mais le dieu insensible à leur tendre prière,
L’heure n’étant venue, dédaigne se montrer
Mais pleure sans pitié sur eux et sur la terre
Mêlant ses froides larmes aux douleurs des prés.
Saccagés par tant d’eau, les grains semés y meurent
Et les hommes quittant leurs maisons inondées
Pour l’abri provisoire offert par la commune
N’ont en eux que l’espoir qui murit dans leur cœur
D’un jour y retourner quand le destin lassé
Voudra bien de nouveau asséché leur malheur
Et dévoiler le bleu céleste et l’or du soleil.
Et les arbres aussi goûteront ce bonheur.